Montre en main, deux minutes.
Bon, je n'ai pas de montre, mais c'est à peu près ça. Je suis donc allé voter en ce dimanche.
J'avais oublié en allant acheter le pain et un journal (du dimanche) qu'on votait aujourd'hui. Le changement d'heure sera pour la semaine prochaine. Le changement d'ère n'est pas pour maintenant.
C'est chemin faisant que ça m'est revenu. J'écoutais le dernier Daran. J'avais mes papiers. J'ai mis le cap sur ce civisme dont on parle tant et qui finalement n'est pas plus chronophage que ça.
J'ai profité de l'occasion pour essayer de pointer ce que je ressentais en votant.
Nous étions une dizaine dans le bureau de vote. Grâce à moi, la moyenne d'âge est passée à 63 ans. Bon, j'avais pas de calculette mais c'est à peu près ça.
Je me souvenais de ma fierté, la première fois que j'étais allé déposer un bulletin dans une urne. Défilèrent ensuite quelques dizaines de consultations du style. Là, point d'euphorie, dans le geste. Point d'émotion non plus. Point d'hésitation. Les temps changent.
Une facilité presque déconcertante à se saisir de deux listes sur les trois en lice (laissé sur la table celle du FN), à entrer dans l'isoloir, à plier la feuille, à la glisser dans l'enveloppe, à me diriger vers les assesseurs, à tendre mes papiers, à attendre que l'urne s'entrouvre, à y déposer l'enveloppe, à entendre a voté, à signer la liste d'émargement sur laquelle, curieusement, il n'y avait à cette page que ma signature.
Faire son devoir, peut-être, c'est aussi simple que cela. Comme une évidence à le faire. Pas de grands discours dans le bocal. Juste, modestement, ses pensées vertes en bandoulière, loin de la politique PMU, comme un murmure démocratique, à moins qu'il ne soit républicain. Deux minutes, montre en main. Ce n'est pas grand chose.
Au sortir, je regardai la ville en me disant qu'il y avait tant de choses à faire.
J'ai pris cela comme une bonne nouvelle. Surtout que le soleil venait de s'installer. A voté.