J’ai mis longtemps à écrire ce billet sur l’exposition Lucian Freud à Pompidou (jusqu’au 19 juillet) et j’y suis retourné deux fois. Pourquoi donc ? D’abord parce que ce n’est pas de la bonne peinture. Sans aller jusqu’à l’outrance langagière des règlements de compte de certains critiques (au Monde ou dans Beaux-Arts), je ne vois pas comment on peut encore apprécier aujourd’hui ces procédés répétitifs, ces effets de perspective, cet académisme décadent, ce cabotinage (le film en fin d’expo est incroyable). Et pourtant j’avais été séduit il y a quelques années par telle ou telle toile vue dans des expositions collectives ou des collections de musée, mais la juxtaposition d’une centaine de tableaux ici est trop révélatrice.
Et pourtant j’y reviens, je reste longtemps devant ces toiles, devant ces nus monstrueux, ces murs maculés, ces tas informes de chiffons et, sans vraiment comprendre pourquoi, je ne peux m’en détacher.
C’est sans doute le grand-père qui a la réponse. Je ne m’épancherai donc pas plus longuement ici, contrairement à bien d’autres pour qui Lucian Freud est l’occasion rêvée d’un grand déballement. Et je ne montrerai nulle chair triste ici, seulement ce petit autoportrait dans un miroir ovale, coincé dans l’embrasure d’une fenêtre, acmé de cette énigme, de cette ambivalence (Interior with hand-mirror, 1967).