Elles n'en parlent jamais Arlette des travailleurs handicapés, ni le facteur de Neuilly d'ailleurs. Trop occupés à marteler leurs sempiternels refrains révolutionnaires. La personne handicapée ne doit compter que sur elle-même pour faire sa révolution intérieure, pour exister, pour aimer, pour travailler...
Trop d'entreprises françaises préfèrent payer une contribution financière plutôt que de respecter le quota légal de travailleurs (euses) handicapés dans leur société. Manque d'information, ostracisme, crise économique, les raisons sont nombreuses. L'handicap est la première cause de discrimination.
Chaque année, des associations - pas toujours les plus représentatives - organisent des semaines de l'emploi. L'une de ces journées a eu pour cadre le quartier des affaires de La Défense. Manque de chance, l'Arche - symbole du Miterrandisme triomphant - est un lieu parfaitement inadapté pour les fauteuils roulants : marches nombreuses, ascenseurs en panne... Cherchez l'erreur!
Le traitement médiatique réservé au travailleur handicapé est également édifiant. Que voit-on comme reportages à la télé? - Un entrepôt d'usine avec des handicapés mentaux qui vissent des boulons et qui affichent une mine satisfaite de leur sort - Un atelier d'aide par le travail où des handicapés moteurs effectuent des tâches répétitives de mailing. Ils ont l'air content, eux aussi. La vie ne leur a pas réservé le meilleur. Ballottés de centres de rééducation fonctionnelle en foyers spécialisés, ils sont heureux de sortir, de prendre leur bus adapté pour faire quelques heures d'un boulot mal rémunéré. Exploités, mais apparemment satisfaits de ces plages de liberté volées à leur vie bien réglée, aménagée et sécurisée. Peu d'espace pour se frotter au monde extérieur, à la société, à sa dure loi. Comment voulez-vous dans ces conditions qu'ils aient la moindre chance de s'insérer dans le monde du travail ordinaire, dans le monde tout court!
"L'handicap et la vraie vie", voilà un bon titre. Mais pour quelle vie? - Une vie choisie, une vie subie, une vie par procuration. Ceux qui parviennent à la "vraie vie" ont eu la chance d'avoir des parents qui les ont aidé à s'émanciper. Certains font partie de cette minorité qui a pu poursuivre des études supérieures. Quelques relations dans le monde du travail ont certainement été plus efficaces pour leur insertion professionnelle que toutes les structures mises en place pour faciliter la recherche d'un emploi. Et encore! Il faut avoir beaucoup de chance, beaucoup de courage et de ténacité pour décrocher un poste... et le conserver.
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