L’expression «santé en ligne» ou «télésanté» («eHealth» en anglais) recouvre les différents instruments qui s’appuient sur les technologies de l’information et de la communication pour faciliter et améliorer la prévention, le diagnostic, le traitement et le suivi médicaux ainsi que la gestion de la santé et du mode de vie.
« Elle contribue à mettre l’individu au centre des systèmes de soins de santé et à accroître l’efficacité, la productivité et la pérennité du secteur. »
Elle englobe les interactions entre les patients et les prestataires de services de santé, la transmission de données entre établissements ou la communication de poste à poste (P2P) entre patients ou professionnels de la santé; elle comprend également les réseaux d’informations médicales, les dossiers médicaux électroniques, les services médicaux à distance, ainsi que les systèmes transportables et portables, dotés de fonctions de communication, pour le suivi et le soutien des patients.
L’Europe encourage ainsi l’utilisation des technologies de l’information dans le secteur de la santé depuis 2004 et fait l’amer constat que « le transfert de données médicales entre pays reste rare, ce qui constitue un vrai problème dans un monde où la mobilité s’accroît » « Ces instruments peuvent permettre de sauver des vies grâce aux informations obtenues »
L’Union européenne s’emploie à mettre en place un «espace européen de la santé en ligne» en coordonnant les actions et en encourageant les synergies entre les politiques pertinentes et les parties concernées, afin d’élaborer de meilleures solutions, d’éviter la fragmentation du marché et de diffuser les bonnes pratiques.
Et c’est justement à Barcelone que prend fin cette semaine la semaine de la santé électronique, dite « en ligne ». À cette occasion, la réunion annuelle des ministres de la santé consacrée à définir des objectifs à long terme au sein de l’Union européenne en matière de santé en ligne (eHealth Conference 2010) s’est déroulée en parallèle d’une autre grande conférence annuelle destinée aux professionnels de santé et aux spécialistes des technologies de l’information, World of Health IT Conference & Exhibition (WOHIT).
Pourquoi une telle promotion de la santé électronique par la Commission européenne ? En fait, en grande partie pour des raisons économiques, comme le reconnaissent les institutions européennes. « Le maintien de systèmes de santé financés par les contribuables coûte de plus en plus cher, à mesure que la population vieillit et que la demande de services augmente. On estime qu’en 2050, près de 40 % de la population de l’UE aura plus de 65 ans, alors qu’il y aura moins de travailleurs pour financer le système », affirme la Commission. Et la santé en ligne est considérée, depuis quelques années, comme l’un des « marchés émergents dans lesquels l’Europe peut occuper le premier rang mondial».
Malheureusement, une nouvelle fois la santé publique semble être la grande absente d’une telle manifestation, la Commission européenne raisonne très clairement en termes de marché et d’économies de santé.
« Elle estime que les services électroniques ont un rôle primordial à jouer dans le développement d’un marché de la santé intégré à l’échelle européenne, et aussi dans le contrôle des dépenses de santé, qui sont en hausse constante. Ces dépenses représentent entre 4 % et 11 % du produit intérieur brut dans l’UE, et entre 10 % et 18 % de l’ensemble des dépenses publiques. »
La Commission européenne appelle donc de ses vœux une plus grande généralisation de la Télésanté. Deux utilisations encore trop marginales semblent lui tenir particulièrement à cœur. D’une part la télésurveillance afin de permettre aux médecins d’assurer à distance le suivi de l’évolution de la maladie d’un patient, et d’autre part l’échange transfrontalier de données relatives aux patients.
Alors que de son coté, la France peine à mettre en place un dossier “médical” personnel informatisé dans le but de faire des économies de santé, on peut se demander qui aura les capacités de développer ces outils pour le compte des Etats. Et surtout dans quel intérêt?
C’est sans trop d’effort d’imagination que l’on s’oriente vers le carnet de santé imaginé par Google disponible en version bêta. Il n’est pas encore disponible en France, mais il se pourrait qu’il le soit prochainement. Cet outil résolument orienté services aux patients et aux professionnels de santé, financé par des fonds privés s’impose déjà aux États-Unis. « Une solution qui doit apporter de réels bénéfices aux patients et aux “vrais” acteurs du soin, selon Marissa Meyer, vice-présidente de la division des produits de recherche de Google, assurant que les systèmes de protection les plus perfectionnés ont été mis en place autour de Google Health afin d’assurer la protection et le caractère confidentiel des données. Google se défend de toute intention marketing liée à son nouveau service et assure qu’il ne les utilisera pas pour actionner son propre dispositif de publicité ciblée, avec une précision de taille, toutefois : « sauf si la publicité présente un intérêt pour le patient, le groupe pouvant alors revoir sa stratégie ».
C’est fou tout ce qu’on peut faire dans l’intérêt des patients de nos jours!!…
A lire impérativement le rapport sur la Télémédecine de l’Ordre des Médecins: Rapport Telemedecine ODM 2009