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(c) Pierre Bergé et Associés
Ce sont deux ventes de prestige qui se tiendront les 14 et 15 décembre dans la non moins prestigieuse salle des ventes de Drouot Montaigne.
Christophe Kunicki, ancien assistant du regretté Jean-Philippe Mariaud de Serres et spécialisé en archéologie méditerranéenne, est l’expert de cette vente, organisée par la maison Pierre Bergé.
La vente se compose essentiellement d’objets d’art égyptiens tels une statue du roi Psammétique Ier (664-610 av. J.-C., lot 29, est. 15/20.000 €) ou un exceptionnel portrait du Fayoum représentant un personnage masculin (IIe s. apr. J.-C., lot 48, est. : 50/70.000 €) ; proche-orientaux à l’instar d’une paire de bracelets achéménides aux lions, en or (Ve-Ive s. av. J.-C., lot n°293, et. 45/50.000€) ; grecs dont une idole cycladique du type de Spédos (2500 av. J.-C., lot 69, est. 20/30.000€) ; ou encore romains avec notamment un portrait de l’empereur Hadrien (IIe s. apr. J.-C., lot n° est. 150/250 000€)
L’occasion m’est donc donné de revenir sur un objet emblématique de l’Egypte ancienne, à savoir le lot n°8 de la vente : un rare hippopotame en faïence à glaçure bleue et à décor en noir de plantes aquatiques et notamment des lotus épanouis (H : 10,8 cm, L : 23,5 cm).
Il est daté par l’expert de la Deuxième Période Intermédiaire (1650-1530), XVIIe dynastie dit dynastie thébaine ou de Kamose. Cette dynastie, issue de Thèbes, règne sur la Haute-Egypte. La Basse-Egypte est alors sous la domination des Hyksos, peuple venu d’Asie et auquel l’Egypte a fait allégeance depuis le début de la Deuxième Période Intermédiaire. Les souverains de la XVIIe dynastie vont affronter les Hyksos et assurer la réunification de l’Egypte. Ce sera le début du Nouvel Empire en 1530 av. J.-C.
Les pharaons sont, à cette époque, enterrés dans la nécropole de Dra Abou el-Naga, à Thèbes, d’où est probablement issu notre hippopotame.
Revenons sur l’objet qui nous intéresse. Il existe dans les musées internationaux une cinquantaine d’hippopotames en faïence bleu, de dimensions variables, et tous décorés de la même façon, à savoir la végétation nilotique. Cela en fait un objet d’exception, et donc très prisé par les collectionneurs… et les faussaires en art égyptien !
Ce type de statuettes se retrouve dans les caveaux funéraires du Moyen Empire et de la Deuxième Période Intermédiaire. Il accompagnait le mort dans sa dernière demeure, avec l’ensemble du mobilier funéraire (vases, objets de toilettes, statues…).
Sa fonction ne nous est pas précisément connue mais on imagine facilement à quel point la représentation de l’hippopotame est exceptionnelle lorsque l’on sait que la chasse à l‘hippopotame était une activité de prestige pour les seigneurs et les pharaons. Malgré son attitude débonnaire, l’hippopotame était un symbole du mal et de force destructrice car, très abondant à l’époque pharaonique, il causait de nombreux ravages dans les champs des paysans égyptiens.
Le décor en noir représente la végétation que l’on trouvait dans le Nil, et principalement le papyrus et le lotus. Comme sur l’hippopotame de la vente Pierre Bergé, il est courant de voir figurer sur l’arrière-train de l’animal des fleurs de lotus. Il évoque bien entendu le fleuve qui nourrit l’Egypte, mais également le marécage primordial, le Noun. Au premier matin du monde, une fleur de lotus émergea du Noun, créant ainsi les grands dieux de l’Egypte.
Un parallèle de la même période, mais dans un état de conservation exceptionnel, est conservé au musée du Louvre, (sous le numéro : E 7709).
Il n’est ainsi pas étonnant de voir une estimation entre 80.000 et 100.000€ pour une pièce aussi chargée de symboles.
A vos enchères !
Informations pratiques :
Expositions publiques :
Samedi 12 & dimanche 13 décembre de 11 h à 18 h
Ventes :
Lundi 14 décembre et Mardi 15 décembre à 14h00
Drouot-Montaigne (15, Avenue Montaigne 75008 Paris)
Catalogues en ligne :
http://www.kunicki.eu/Kunickiexpertise/Catalogues.html