Quand les femmes régnaient sur la France !

(c) Oger et Camper
Dans la lignée des grandes artistes du XVIIIème s., à l’instar de Marguerite Gérard dont une œuvre vendue récemment a fait l’objet d’un précédent billet, j’aimerai m’attarder sur une œuvre qui sera vendue le 11 décembre à l’Hôtel Drouot, par l’étude Oger et Camper, sous le numéro . Estimé 10/12 000 €, il s’agit d’un portrait ovale de jeune garçon, jouant au bilboquet, signé et daté 1773, réalisé par Louise-Elizabeth Vigée-Lebrun.
Née en 1755 à Paris d’un père pastelliste (Louis Vigée), Elizabeth Vigée (1755-1842), future Madame Vigée-Lebrun, nous est essentiellement connue par ses portraits de Marie-Antoinette, dont elle fut l’une des protégées. Formé par son père, par Gabriel François Doyen et Joseph Vernet, elle est également proche de Jean-Baptiste Greuze. Elle étudie également par la copie les grands maîtres au Luxembourg, au Louvre ou dans les collections privées.
En 1773, date du portrait de ce jeune garçon, Elizabeth Vigée-Lebrun commence à se faire un nom en tant que portraitiste des grands du royaume. Elle est installée, avec sa famille Faubourg Saint Honoré, où elle a ouvert un atelier en 1770. Elle pratique alors sans licence, ce qui lui vaudra en 1774, la saisie de son atelier par les officiers du Châtelet. Cependant, les commandes sont déjà très importantes, d’autant qu’elle bénéficie de la protection des épouses de deux grands personnages : Madame de Verdun, épouse d’un fermier général, et de Madame Louise-Adélaïde de Bourbon Penthièvre, épouse du duc de Chartres, futur « Philippe Egalité ». A la mort de son frère aîné, le prince de Lamballe, cette dernière hérita d’une fortune considérable qui fit d’elle l’une des femmes les plus riches de France. Cette princesse de sang lui permettra ainsi de pénétrer dans le cercle de Marie-Antoinette, future reine de France et dont Elizabeth Vigée a le même âge.
Ce portrait témoigne de la vogue, au XVIIIème s. du pastel, permettant aux peintres - dont Elizabeth Vigée-Lebrun fut, avec Rasalba Carriera et Maurice-Quentin de la Tour, l’une des plus des fameuses représentantes – de réaliser des portraits intimes, expressifs, comme pris sur l’instant. On peut ainsi citer le monumental portrait de Madame de Pompadour, réalisé par Maurice Quentin de La Tour entre 1748 et 1755, conservé au musée du Louvre. Le portrait du jeune garçon est dans la même lignée. Elizabeth Vigée cherche à représenter le modèle pris dans un semblant d’intimité, tout en n’oubliant pas de rappeler le statut social du jeune garçon par un costume très recherché. Une oeuvre plein d'émotions qui, à coup sûr, va faire lever plus d'une main !  
A vos enchères !
Informations pratiques :
Etude Oger & Camper
Exposition : Le mercredi 10 décembre de 11h à 18h et le jeudi 11 décembre de 11h à 12h
Vente :Le vendredi 11 décembre 2009, à 14h, Hôtel Drouot, salle 2.
Adjugé : 18 000 euros