Rien n’y fait. Milan San Remo, la "Primavera", la première classique de la saison internationale, est bien l’épreuve réservée aux sprinters. Cette année le lauréat est l’espagnol Oscar Freire (Rabobank), redoutable parmi les redoutables, lorsque l’arrivée est proche. C’est le troisième succès de l’espagnol dans cette course après ceux de 2004 et 2007.
Et pourtant, rien ne laissait supposer au départ de Milan une victoire de cet Espagnol né il y a 34 ans à Torrelavega, une importante ville de la province de Cantabrie. Son début de saison n’a pas été mirobolant. Mais Freire n’est pas un perdreau de l’année. Il sait que dans ce long sprint de 293 kilomètres il faut attendre son heure et parfois même la dernière minute pour s’imposer.C’est ce qu’il a fait en particulier lors de la première partie de la course rendue échevelée et inhabituelle jusqu’à la zone stratégique des "capi".
En effet, la pluie n’a pas quitté un seul instant les concurrents lors de la longue traversée de la plaine du Pô rendant ainsi la progression vers l’arrivée plus difficile. Dans la descente du Turchino, qui permet l’accession à la Riviera, le peloton fort de 199 concurrents s’est fractionné en deux parties distinctes ce qui n’a pas permis aux équipes des rapides routiers sprinters de contrôler les mouvements offensifs. Sur la Riviera, l’attentisme s’est poursuivi ce qui a permis au jeune français Maxime Bouet (23 ans) d’ouvrir seul la route à 60 kilomètres de l’arrivée. La zone des "Capi", ces petits caps qui surplombent le bord de mer, n’a pas été jugée assez sélective pour tenter de secouer l’attentisme du peloton autorisant ainsi un autre jeune français Yohan Offredo (23 ans) de se projeter à l’avant de la course. L’ascension de la "Cipressa", à 23 kilomètres de l’arrivée, n’ permis qu’un amaigrissement du groupe (Cavendish, vainqueur l’année dernière fut parmi les premiers lâchés).
Même scénario au cours de l’ascension du "Poggio", ce balcon fleuri qui domine la baie de San Remo. Et c’est finalement un groupe de 25 concurrents qui s'est disputé le sprint final. Parmi eux, remarquablement discret depuis le départ mais toujours présent aux avants-postes, le futur vainqueur qui, privé de la plupart de ses équipiers à l’exception de l’allemand Martens a su se débrouiller pratiquement seul face en particulier à la redoutable formation Liquigas dont les quatre leaders n’ont pas su, ou pu, prendre la course à leur compte alors que l’arrivée approchait.
Le sprint de Freire est un modèle du genre. Bennati, le grand favori l'a lancé aux 500m suivi par Tom Boonen (huitième participation et toujours aucune victoire ), Freire a remonté Boonen, a passé Bennati et par une double accélération à 150 m du but a pris deux longueurs à Boonen (Quick Step). Alessandro Petacchi (Lampre-NGC) est 3ème.
Il faut s’y faire, il n’y avait pas aujourd’hui dans le peloton des coureurs du style « puncheur » qui, tels Laurent Fignon ou Laurent Jalabert, sont capables de secouer un peloton pour l’emporter à San Remo.
Quoiqu’il en soit, le cyclisme espagnol vole de succès en succès. Après Contador dans Paris-Nice, voici Freire à San Remo. Lance Armstrong, qui a déclaré forfait au dernier moment pour soigner des ennuis gastriques, doit réfléchir dans sa retraite niçoise. Pour remporter le prochain Tour de France, il lui faudra se monter meilleur que certains coureurs espagnols.
Côté français outre Bouet et Offredo (un jeune à suivre) se sont fait remarquer : Anthony Geslin (Française des Jeux, 12ème), Geoffroy Lequatre (Radioshack, 14ème) et Sylvain Chavanel (Quick Step, 21ème) qui a beaucoup travaillé pour son leader Tom Boonen. Ils terminent tous trois dans le même temps que Freire.
Dans un tel contexte, il y a fort heureusement des lueurs d’espoir pour le cyclisme national.
Jean-Paul