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Que dire au fond du gouffre ?

Publié le 20 mars 2010 par Bix

J'ai pas mal tiré sur l'ambulance Modem en ce moment (sur mon blog et sur Twitter aussi). Il faut dire que c'est facile et que l'ensemble des médias et l'attitude de François Bayrou sont une invitation à se joindre à la curée. Les militants présents sur les réseaux sociaux ou les blogs ont parfois tout fait pour qu'on se moque d'eux, parfois involontairement.

Mais j'ai quand même un fond d'honnêteté et me suis demandé comment je réagirais, si pareil cas se présentait. 2007 m'est revenu en mémoire. 1,57 % des voix à la présidentielle, pas d'accord avec le PS donc seuls 4 députés (1 de plus ceci dit) et moins de voix qu'en 2002 donc un financement public en baisse. La grosse lose.

J'ai été relire mes billets post-branlée de 2007. Je suis désolé de le dire, mais malgré le fond du gouffre dans lequel nous étions, il faut croire que la situation n'était pas la même. On verra plus bas quelles peuvent être les raisons. J'ose prétendre que j'étais plus honnête que les membres du Modem qui appellent à l'épuration ou à la chasse aux sorcières ou encore au vote blanc.

La veille du second tour, voici ce que j'écrivais :

On se sera bien amusé, souvent, on aura galéré, parfois. On pourrait gloser à l'infini sur les Verts inaudibles, les Verts pas ceci ou cela. Mon sentiment est que Voynet a mené une campagne plus qu'honorable, de qualité même, sans démagogie. Mais le parti a passé ces 4 dernières années à mesurer ce qui le séparait de l'extrême gauche et du PS plutôt que de porter haut et fort son projet d'écologie politique (qu'il a tout de même pu appliquer dans les régions, les villes où des Verts sont élus).

Plus bas dans ce billet, j'avais reproduit un message de Dominique Voynet, baroud d'honneur d'une candidate qui voulait ne pas lâcher ses troupes. L'histoire, malgré la parenthèse du Grenelle de l'environnement, lui a hélas donné raison :

Et pourtant : ce que serait une France où les idées des Verts ne pèseraient qu'1%, je vais vous le dire.

Ce serait la relance illico du nucléaire, la réalisation de tous les projets anti-écolos qui pullulent partout sur notre territoire : l'incinérateur de Fos, le doublement de l'A7 dans la vallée du Rhône, le creusement de la mine de charbon dans la Nièvre... C'est la capitulation sur les OGM , l'accélération en catimini du nucléaire militaire contre lequel nous sommes les seuls à faire clairement campagne...

Le soir du 22 avril, j'arrivais à taper un paragraphe pour exprimer ma déception :

1,5, 1,7... le score n'est pas brillant et bien en dessous de nos espérances, même si les sondages nous le rappelaient depuis longtemps déjà. J'espère que la gauche gagnera au final et que l'écologie, malgré son faible score, ne sera pas balayée d'un revers de la main. De toute façon, quel que soit notre score, le défi climatique, la crise écologique s'imposeront à tous. Il reste à savoir si nous voulons subir ou choisir lesz changements qui s'annoncent.

Après Charletty et son beau meeting ensoleillé, je m'amusais à des prédictions. Je me suis un peu emporté au sujet de Royal mais le bordel de Reims a montré qu'elle avait de la ressources, au moins en capacités de nuisance interne :

Pour le futur, quid ? Imaginons que Sarkozy passe... Je ne me risquerai pas à faire des prévisions sur le PS. D'aucuns disent que ce parti est mort en cas de défaite, mais franchement, j'en doute. J'en doute car j'ai de sérieuses inquiétudes sur l'avenir de l'UDF et du futur Parti démocrate de Bayrou. Avec l'hémoragie des députés qui sont partis à la soupe UMP, je me dis qu'il y a du soucis à se faire pour les législatives. À part Lagarde et Sarnez, qui soutient Bayrou et sa stratégie anti-Sarkozy ? J'espère qu'il a confiance en ses militants et électeurs, parce que ça va pas être facile. Quant au PS, il n'est pas dit que DSK reprenne forcément le parti, avec le débat d'hier, Royal a montré qu'elle pouvait mener une opposition pugnace et sincère.

Après m'être remis de ma gueule de bois, je racontais mon jour de vote et les gamines qui scandaient "Ségolène !" dans la rue, on s'attaque aux législatives.

Enfin, avec un titre un peu bravache, Les Verts sont utiles et pas morts !, j'affirmais notre indépendance.

Mais revenons à Christophe Barbier. Après un énoncé de faits, il tente une analyse et une prédiction : les Verts vont perdre certains députés (re)nouvellement élus qui rejoindraient le groupe socialiste. Le reste des Verts disputeraient le leadership de l'extrême gauche à la LCR.

Faux, archifaux. Tout d'abord, nos trois députés actuels ne sont dans aucun groupe à l'Assemblée nationale, leur rattachement au groupe socialiste n'est donc pas automatique. Ensuite, le parti ne chercherait pas à disputer un leadership de l'extrême gauche à la LCR. Je vous l'accorde, cela fait déjà quatre ans que nous passons plus de temps à mesurer la distance qui nous sépare de l'extrême gauche et du PS qu'à parler d'écologie, du moins en "temps médiatique" et en "image auprès du grand public". Je crois que la majorité a compris chez les Verts qu'il fallait arrêter les frais. Doit-on rappeler à Christophe Barbier, marteler, que les Verts sont avant tout un parti écologiste, au sens politique du terme ? Comme en Belgique, en Allemagne, en Suisse, en Italie... En principe, nous n'avons pas besoin de "disputer" un espace politique situé à l'extrême gauche, puisque nous avons le nôtre propre, à savoir l'écologie politique.

J'ajouterais avec assez de fierté que je ne me suis pas trop planté dans mes prévisions. Comme quoi, éviter de faire de la politique-fiction évite également de dire des bêtises.

Alors, quelles différence entre le Modem 2010 et les Verts 2007 ? Je tente quelques hypothèses que je vous livre bruts.

  1. Les Verts n'ont jamais tenus sur un seul homme, aussi doué soit-il. La défaite de Voynet, malgré des discours de tribune vengeurs, n'a jamais été interprétée comme la défaite d'une femme seule mais comme celle du parti.
  2. Nous n'avons jamais tergiversé entre la droite et la gauche, pas depuis plusieurs années et la mise au clair du début des année 90.
  3. L'écologie politique est une idéologie avec une ossature plus costaude que le centrisme tendance Modem.
  4. On n'a pas eu de réflexes sectaires. Quand Martine Billard nous a quitté, je me suis contenté de faire une blague. :)

Tout ça pour dire qu'on n'est pas obligé d'agir comme François Bayrou et ses derniers fidèles actuellement. Pour une liste exhaustive, je vous renvoie au Chevalier orange.


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