Veille d'élections. Demain, deuxième tour des régionales. J'accomplirai mon devoir citoyen. Avec les mêmes interrogations que l'ami Vinvin. Il n'y a pas de raison à ce que les irakiens bravent attentats et fusillades pour se rendre dans les bureaux de vote, et que nous, occidentaux ramollos, nous restions sous la couette. La perspective de se prendre une balle d'AK47 serait-elle le meilleur argument pour pousser l'électeur à exprimer son suffrage? Un projectile de 9mm mal placé, ça fait des dégats. Va comprendre. L'envie de coller une claque au pouvoir en place. Comme ça. Expression consumériste. Vote sanction. Un vote en creux. On vote contre. Mais pour qui? Des Verts talibans de l'écologie, source ineffable d'emmerdements au quotidien. Des Verts qui lavent les couches souillées de leurs nains, rendent la circulation automobile infernale pour pouvoir faire de la bicyclette en sens interdit à l'heure de pointe en plein coeur de Paris. Qui bouffent des graînes de chez Biocop. Pour qui? Un PS qui se cherche - se trouvera-t-il un jour? Entre les martinolâtre, les ségolénophiles, des DSKistes, les Fabusiens, les Hollandais et que sais-je encore... Pas bien excitant tout ça. Et pourtant on va y aller. Mettre l'enveloppe dans l'urne. Entendre le "A voté" libérateur. Récupérer les résultats avant 20h00 sur Twitter. Et s'en foutre.
Il y a eu l'aventure Modem. La découverte de Bayrou en 2007. La possibilité d'une alternative aux blocs de droite et de gauche. Mossieur Resse raconte bien l'histoire. Donc 2007, on y croit au baratin du père Bayrou, les racines paysannes et modestes, le tracteur. Quand Ségolène nous promet les lendemains qui chantent, la lune, la semaine des 4 jeudis et des 32 heures, le premier jour du grand soir du reste de ta vie et du chabichou pour tous. Et quand Nicolas te promets de travailler plus pour gagner plus. On l'aime bien le Bayrou. On soutient. On s'investit, on adhère même. Au tarif du marché du militant 2.0, soit 20€. Avec reçu fiscal. Carte reçue. On est un peu fiérot d'avoir adhéré à un parti pour la première fois parce que ça sent encore la peinture orange, le neuf.
Et puis on va à la première rencontre au siège de l'UDF. Et on sent un truc qui ne fonctionne pas. La querelle des anciens et des modernes. Les militants UDF-canal historique qui énoncent doctement qu'il faut ne point se hâter, qu'il faut des structures. Bref un truc qui ressemble à un parti politique. Les nouveaux militants, sympathisants de gôche, jamais encartés veulent passer à l'action. Tout de suite. On leur file un t-shirt orange. Deux cacahouettes et un verre de kir. Et hop. L'affaire est faite. Tchao bye! En attendant Seignosse, l'Université d'été. Il y a eu des élections, où l'on a cru au 2.0, et où on s'est rendu compte qu'un parti, comme tout parti, veut du militant pour tracter sur les marchés. De la chair à canon. De l'idiot utile pour faire les trucs chiants. Echanges de mails surréalistes entre militants. "Voila, je tracte de 7h43 à 8h53 à la gare de ..., quelqu'un peut-il me prêter un t-shirt orange taille L?" A cette époque j'ai été impressionné par la foi du militant. Je voyais en eux les vrais croyants. En me voyant en hérétique potentiel.
Vinrent les échecs électoraux et cette propension du centriste palois à se victimiser, à s'inventer un destin supérieur, à devenir un Lider Maximo. Novice en politique, j'ai découvert au MoDem TOUS les travers des partis auxquels je n'avais jamais adhéré pour les mêmes raisons. Culte du chef. Ligne politique rigide. Manque d'humour. Capacité à gloser doctement sur tous les sujets sur le mode du "yaka-faukon".
Le t-shirt orange a fini dans un container de vêtements destinés aux nécessiteux. La carte de militant a été découpée en petits morceaux et jetée. L'intérêt pour la chose publique est retombé.
Reste le devoir électoral. J'irai. C'est un devoir. L'essence de la démocratie. Mais, bon...
Enjoy!