Cerveaux extérieurs... Nullités intérieures ???
Par Gary Victor
Depuis quelque temps, il est coutume d'affirmer de manière lapidaire que tous les cerveaux haïtiens sont à l'extérieur ce qui expliquerait notre catastrophe nationale. Les cerveaux à l'extérieur seraient-ils les cerveaux ayant été surtout formés, traités, dans les universités étrangères ? Tout Haïtien immigrant à l'étranger aurait-il immédiatement la qualification de cerveaux à l'extérieur et les haïtiens restant au pays la qualification de nullités a l'intérieure ?
Ce que je conteste, ce sont les approches lapidaires qui n'ont aucune signification dans la réalité qui est la nôtre. En parlant de cerveaux venus de l'extérieur, il faut rappeler, ce qui n'aurait pas été nécessaire si notre folie n'était pas aussi incrustée, que les cerveaux extérieurs ont souvent occupé des postes de la plus haute responsabilité chez nous et tout dernièrement encore nous avons eu la mémorable prestation d'un premier ministre qui avait été présenté comme la fine fleur de nos cerveaux extérieurs. Toutes les allées de nos institutions restent pavées de ces cerveaux extérieurs qui main dans la main avec nos « nullités intérieures » s'ingénient à faire perdurer la crasse et le chaos.
En fait de cerveaux extérieurs il ne faut pas oublier aussi toutes ces divisions de cerveaux étrangers conseillant Haïti à travers toute une batterie d'ONG, d'institutions paraétatiques, d'officines diplomatiques ou para diplomatiques, imposant leur agenda, leurs points de vue et qui finalement tous, n'ont fait que participer aussi au grand désastre haïtien.
Ce qu'on oublie souvent c'est que la gestion de la chose publique reste fondamentalement une affaire de coeur et de vision et le cerveau ne fait qu'implémenter ce que le coeur et la vision ont défini. Sans coeur et sans vision, quand on a incrusté au fond de soi, le mépris de l'autre, le mépris profond de ce pays et de son peuple, quand on a intégré si profondément au fond de soit la bêtise superstitieuse la plus crasseuse qui soit, le cerveau quelque part est parasité par un virus que les plus grandes universités au monde ne peuvent effacer.
Bâtir Haïti, je ne dis pas rebâtir n'est pas au prime abord une question de cerveau. C'est avant tout une affaire de coeur et de vision. Et le coeur et la vision c'est ce qui fait le plus défaut. C'est ce qui est plus difficile à trouver dans notre désert mental. Mais c'est là qu'il faut travailler fort et en urgence. Sinon, nos cerveaux extérieurs alliés à nos nullités intérieures, finalement tous dans le même panier, continueront à nous émerveiller par leurs interminables pitreries criminelles.Par Gary Victor