Hôtel de Rohan-Guéménée, place des Vosgesdu 26 mars jusqu'au 4 juillet 2010et le Printemps des Poètes S'invite à la Maison de Victor Hugo, l'Orient entre poésie et peinture...
En 1829, Victor Hugo publie Les Orientales. L’Orient, mirage du romantisme français… Dans la préface de son recueil, le poète reconnaît que l’Orient est devenu pour les intelligences autant que pour les imaginations, une sorte de préoccupation générale; lui-même avoue son éblouissement pour les couleurs orientales venues comme d’elles-mêmes empreindre toutes ses pensée, toutes ses rêveries ; et ses rêveries et ses pensées se sont trouvées tour à tour hébraïques, turques, grecques, persanes, arabes, espagnoles... A partir du 26 mars jusqu'au 4 juillet 2010.
Réfléchies par l’œil du poète, les Orientales ont l’incandescence d’une palette d’or et de feu, d’ombre et de sang.
Les poèmes ont la célérité et le moiré des sabres d’acier, la palpitation d’un reflet nacré sur la chair des odalisques, et la noirceur qui s’allume dans la prunelle des spahis. Le corps à corps rythmique et sensoriel de cette langue poétique bat à l’unisson de tous les soupirs, de tous les cris, de tous les chants des héros grecs, des sultans vaincus, des pachas cruels, des captives et des guerriers sur leurs « cavales échevelées »... Qui départagera l’orient de l’occident ? Et l’autre de soi-même ? « Tout vacille et se peint de couleurs inconnues ».
Et cette matière chromatique et sonore du Verbe hugolien trouve son écho comme sa réverbération dans l’orientalisme naissant de Géricault et de Girodet puis de Delacroix, de Descamps, de Colin, de Boulanger, de Chassériau. Car l’orient de l’âme, obscur et éblouissant à la fois, est commun à toute une génération d’écrivains et d’artistes. C’est cette correspondance que l’exposition révèle en pleine lumière, en rapprochant les poèmes de Hugo de peintures, de sculptures et de dessins. Rarement peinture et poésie auront ainsi chanté d’une seule voix, dans l’élan d’un même tempo.
Les 4 quatre parties de l’exposition sont une invocation :
Aux grands précurseurs que sont les poètes, explorateurs, voyageurs et conquérants confondus : Bonaparte et son expédition – l’Egypte ! L’Egypte ! –, Chateaubriand dont l’« Itinéraire de Paris à Jérusalem et de Jérusalem à Paris » ouvre le chemin de tous les voyages en Orient des peintres et écrivains du XIXe, Lord Byron, dont l’engagement en faveur des grecs et les épopées orientales entraînent tout le Romantisme européen dans la course (Delacroix, Ary Scheffer, Géricault).
A l’actualité de la guerre d’indépendance de la Grèce contre les Turcs, (Delacroix, Ary Scheffer, Descamps, Diaz de la Pena, Géricault, David d’Angers) qui occupe toute la première partie du recueil, poèmes guerriers, emportés par l’élan de figures héroïques. Un ensemble exceptionnel de portraits (Girodet-Géricault, Delacroix-Bonnington-Monsieur Auguste), pour la première fois réunis, rendra compte de la fascination des peintres, autour des années 1820-1830 pour l’ardeur sombre de la figure de l’oriental.
A une certaine grâce sauvage … Paru à Londres en 1819, le poème de Byron Mazeppa s’impose en figure épique de l’Inspiration – «Génie, ardent coursier » ! (Victor Hugo). Fauves, étalons et cavaliers transfigurent la beauté farouche en substance tangible du poème ou de la peinture (Géricault, Delacroix, Boulanger, Vernet, Barye).
Au sortilège du harem et des belles captives – de la « captive » à la « Nourmahal la Rousse », de « Sara la baigneuse » à « Lazzara », le miroitement des sons et des couleurs lève le voile sur « cet obscur objet du désir » .(Delacroix, Colin, Deveria, Boulanger, Chassériau, Cabanel, Portaels).
L’exposition réunira une centaine d’œuvres exceptionnelles, dont certaines n’ont jamais été présentées, en provenance de collections publiques françaises et étrangères (musées du Louvre, d’Orsay, Bibliothèque nationale, musées de Lyon, Lille, Besançon, Angers, musée Fabre…, British Museum, Narodny Gallery, National Gallery d’Athènes, musée Benaki, musée de Charleroi) et de collections privées. Un ensemble de livres illustrés et de gravures (Vivant Denon, Cassas, Dupré, De Launay) rend compte des villes et des paysages que les voyageurs ont livré à l’imagination et au rêve des lecteurs – Hugo le premier. Source: Paris.fr
Maison de Victor Hugo