Je m’y attendais. Un rapide tour de table, le temps de se partager les sorties de mars et d’avril… qui veut chroniquer Hangover The Top ? Silence. Les regards se braquent sur moi… Pourquoi moi putain ! Ils s’esclaffent. Ah oui… très drôle… bon, bon, ben ok je prends… Je rumine dans ma barbe… font vraiment chier… Et ce n’est pas parce que les Montpellierains de Marvin m’indiffèrent, non, au contraire, leur second disque à paraître le 6 avril prochain via Africantape rythme depuis un bon moment ce mal de crâne aussi tenace que matinal. Celui qu’on trimbale, claudiquant fiévreusement dans le dédale du métro, après une nuit d’agitation matinée de houblon. Non, c’est plus la morne lassitude de LA vanne éculée. Je vous le donne en mille, si Tom Waits casse la pipe, ce sera encore à moi d’évoquer cette voix trempée dans un fut de Bourbon ! Ben ouais… Du coup, je pense sérieusement à me mettre à la Badoit, histoire de faire taire les langues fourchues… Chose plus facile à dire qu’à faire. Mais revenons-en à notre trio qui mérite bien autre chose que la complainte d’un chroniqueur vaguement enhardi. Hangover The Top est le second album d’un groupe pratiquant dans ses oraisons noise un syncrétisme rock époustouflant, extirpant à la fois du math-rock, du post-rock et du post-punk de quoi cadencer effrontément neuf morceaux étonnamment divers. Choses nouvelles au regard de leur premier effort auto-produit (s/t, 2007), au déluge de guitare, batterie et synthés vient se greffer d’éparses parties chantées quand une intempestive influence hard-rock surgit avec sagacité dès le morceau introductif (Roquedur). Enregistré par Miguel Constantino et masterisé par Jason Ward en décembre 2009, Hangover The Top insinue par l’intensité sonore de chacune de ses joutes électriques, une production soignée et une complexification de ses structures rythmiques susceptibles d’élargir l’audience de ces trois infatigables baroudeurs. Car si la réputation d’Émilie, Greg et Fred n’est plus à faire lors de concerts déclenchant partout où ils se tiennent un joyeux bordel gorgé de sueur, l’album, par sa transposition roborative de morceaux éprouvées scéniquement risque d’embraser pas mal d’oreilles abasourdies, notamment celles ne s’étant pas encore remises du Sad Cities Handclappers d’Electric Electric. Si Dirty Tapping et Good Radiations, cisaillées d’un chant trituré de vocoder, sortent inévitablement du lot par leur accessibilité et leur immédiateté toutes trouvées, 12 comme Conan le Bastard s’évertuent à pousser le bouchon le plus loin possible d’un rock abrasif et joué mille blindes à l’heure. On Reste bien tranquille, le temps d’une grivoiserie savamment métallique, et l’on se jette sans coups férir sur Fear et sa mitraille incandescente à haut voltage. Désorienté, tourneboulé, la fin approche et les sept minutes de Here come the warm Jets, reprise du morceau clôturant le premier album solo de Brian Eno (Here come the warm Jets, 1974), sonne presque comme une ode revigorante aux lendemains qui déchantent. Décidément, Hangover the Top porte bien son nom. Le paracétamol n’a pas fini de pourrir mon estomac.
En plus d’une foultitude de concerts en France et ailleurs, les Marvin donnent une release party, à l’occasion d’Hangover the Top, le 3 avril prochain à la flèche d’or en (bonne) compagnie de Gablé, Papier Tigre et Fordamage. Be there.
Audio
Tracklist
Marvin - Hangover the Top (Africantape, 2010)
1- Roquedur
2- Au 12
3- Dirty Tapping
4- Reste bien tranquille
5- Conan le Bastard
6- Good Radiations
7- Moustache 34
8- Fear
9- Here come the warm Jets (Brian Eno cover)
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 08 avril à 15:46
Bras de Fer et Gueule de Bois, 90′ de portrait radiophonique des Marvin, enregistrées juste avant la sortie de l’album Hangover the Top. C’est là, et ça s’écoute, ma foi. http://www.divergence-fm.org/Bras-de-fer-et-gueule-de-bois-l.html