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Si souvent nous sommes tombés
Et si souvent encore la chute nous attend
Tant de pierres sur nos chemins de vie
Tant de murs et d’obstacles
*
Si souvent nous avons cru voir approcher
Les rives de nos désirs
Les plages de nos soupirs
*
Si nus étions-nous dans la tourmente
L’orage nous a si souvent fait plier
Comme blés murs sous la grêle
*
Nous avons bu à pleine bouche
Epongé nos fronts sous les soupirs et l’angoisse
Si souvent nous sommes tombés
*
Un soupçon d’avenir nous relève à chaque faux pas
Nous voici titubants
Ivres de ces pensées d’au-delà des tourments
Nos bras happent le vide
Nos mains griffent le vent
*
Si souvent sommes-nous dénudés
Sous l’œil hilare des rapaces
Leur cri sourd descend des cimes
Dans un grand frémissement d’échine courbée
*
Si souvent nous sommes crus plus forts et plus massifs
Que nos pieds aveuglés ne voient aucun récif
Si souvent avons-nous chus en larmes amères
Tant qu’enfin nous sachions nous voir avec lucidité
Fragiles
Porcelaines
Sans autre port
Que la beauté silencieuse
.
Manosque, 18 février 2010
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