À l’hôpital Tygerberg de Cape Town (Afrique du Sud) où sont traités ses malades du sida. Crédits photo : AFP
L’Afrique concentre deux tiers des nouvelles contaminations. La baisse du nombre de séropositifs dans le monde (33,2 millions en 2007 contre 39,5 en 2006) s’explique entre autres par les nouvelles méthodes d’évaluation d’Onusida.
En vingt ans, l’épidémie mondiale de sida s’est banalisée, au point que l’égrenage des chiffres évaluant chaque année à plusieurs millions les morts ou les nouvelles contaminations ne provoque plus la colère ou l’émoi. Et pourtant, les données publiées hier par l’Onusida (l’agence de l’Onu chargée de la surveillance du sida) ont de quoi susciter l’indignation, malgré un léger mieux. Encore 2,5 millions de nouvelles contaminations cette année, ce qui est énorme pour une maladie dont on connaît le mode de transmission et les stratégies de prévention. Plus de 33 millions de personnes infectées par le virus dans le monde et un peu plus de 2 millions de décès pour un virus contre lequel il existe des traitements efficaces. C’est toujours les pays du Sud qui paient le plus lourd tribut à cette infection transmise le plus souvent sexuellement.
Cette année, les chiffres décrivant l’épidémie de sida dans le monde ont subi une petite baisse par rapport à 2006, et cela pour plusieurs raisons. D’abord, du fait d’une modification des méthodes d’évaluation de l’épidémie qui a fait artificiellement diminuer le nombre de cas en Inde et dans cinq pays africains (Angola, Kenya, Mozambique, Nigeria, Zimbabwe). Ainsi l’organisme onusien a réduit de près de 6,3 millions le nombre de séropositifs par rapport à l’an dernier (33,2 millions en 2007 contre 39,5 en 2006). Cet «affinement» des chiffres a été possible, du fait d’un plus grand nombre d’études sentinelles mesurant la présence du virus dans ces pays et d’une meilleure connaissance de l’histoire naturelle de la maladie permettant d’améliorer les modèles mathématiques d’évaluation.
L’évolution des données disponibles ne permet donc absolument pas de baisser la garde : «Les nouvelles estimations ne changent rien à la nécessité d’une action immédiate et de financements accrus afin d’avancer vers un accès universel à la prévention, au traitement et aux soins», selon l’Onusida.
Développement des traitements
Le recul des nouvelles contaminations (2,5 millions en 2007 contre 4,3 millions en 2006) et des décès (2,1 millions contre 2,9 millions) pourrait néanmoins être aussi en partie attribué aux efforts de prévention et de traitement réalisés au cours des dernières années. «Nous commençons sans aucun doute à percevoir un retour sur investissement dans la prévention du sida», s’est félicité dans un communiqué le directeur exécutif de l’Onusida, Peter Piot. «Les nouvelles contaminations et les décès sont en recul et la prévalence du VIH se stabilise.» Selon les auteurs du rapport, les nouvelles contaminations auraient atteint un sommet à la fin des années 1990 à plus de 3 millions de nouveaux cas chaque année, avant de diminuer. Le développement des traitements explique la baisse des décès.
En Afrique, qui concentre les deux tiers des nouvelles contaminations et où la plupart des malades ne reçoivent pas ces traitements, le sida reste la première cause de décès. La prévalence (le pourcentage de personnes infectées) est revenue à 5 % de la population adulte en moyenne, contre 5,8 % il y a six ans, avec de fortes variations d’un pays à l’autre : au Swaziland, 33,4 % des adultes étaient séropositifs en 2005. L’Onusida estime que ces progrès sont une conséquence des campagnes de prévention. Ainsi, il apparaît que les comportements sexuels à risque semblent reculer chez les jeunes dans plusieurs pays (Botswana, Cameroun, Tchad, Kenya, Malawi, Togo, Zambie, Zimbabwe). La prévalence du virus chez les jeunes femmes enceintes a aussi baissé dans onze des quinze pays du monde les plus touchés.
En dernier lieu, pour l’année 2007, 330 000 enfants morts du sida ont été recensés dans le monde, mais 90 % d’entre eux vivent en Afrique. Là encore, les chiffres sont légèrement à la baisse. Devant la tragédie que représente cette maladie, tout particulièrement chez l’enfant, il reste encore beaucoup à faire.
Martine Perez - http://www.lefigaro.fr/21/11/2007