L'égyptologie tchèque : iv. zbynek zaba et l'institut d'égyptologie tchécoslovaque

Publié le 20 mars 2010 par Rl1948


   Deux figures emblématiques, nous l'avons vu, Frantisek LEXA et Jaroslav CERNY ont donc, dans la première moitié du XXème siècle, offert leurs lettres de patente à l'égyptologie tchécoslovaque.
   Une création - celle d'une institution officielle dépendant entièrement de la Faculté des Lettres et des Arts de l'Université Charles IV -, partiellement impulsée par Lexa en 1958,  assoira dans les meilleures conditions le développement des études sur le terrain.
     Avec le recul, un demi-siècle s'étant à présent écoulé depuis sa mise en chantier au sein même de l'Alma Mater pragoise, nous comprenons que cet Institut fut le véritable élément déclencheur, mais aussi fédérateur de tout ce que cette République centrale brassait et brassera comme grands savants en la matière.
     Un homme, que l'on peut en réalité considérer comme le troisième et dernier maillon du "triumvirat" des fondateurs de l'égyptologie en ce pays succède à Frantisek Lexa, décédé deux ans à peine après la naissance de "son" Institut : Zbynek Zaba.    

  
   C'est en 1938 que Z. Zaba
(1917-1971) entreprend des études d'égyptologie : il assiste bien évidemment aux séminaires de Lexa et de Cerny à l'Université Charles. Immédiatement à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il devient l'assistant de Lexa et obtient, en 1954, le poste de Professeur associé dans le prestigieux établissement.

   Si, dans un premier temps, nous lui devons des articles essentiellement consacrés à l'orientation astronomique des pyramides de l'Ancien Empire, mais aussi une importante étude en français sur les Maximes de Ptahotep, avec traduction et commentaires, certes considérée de nos jours comme quelque peu obsolète, mais qui constitua néanmoins l'ouvrage de référence de cet important recueil de sagesses égyptiennes, c'est surtout grâce à sa direction de l'Institut qu'il sera internationalement connu. En effet, en 1958, il participe avec Frantisek Lexa à la création de cet important organisme à la tête duquel il se retrouve deux ans plus tard, suite donc au décès du "Maître" : à lui, Cerny oeuvrant le plus souvent à l'étranger comme nous l'avons vu voici quinze jours, revient la tâche de mener de front de multiples activités : l'enseignement universitaire - il est désormais le seul Professeur d'égyptologie nommé à Prague -, la direction de l'Institut et ses propres recherches sur le terrain.  
   Il faut savoir que dès 1956 déjà, les professeurs Lexa et Zaba firent partie d'une délégation officielle se rendant en Egypte aux fins de préparer les fondements d'un accord culturel de grande envergure entre les deux pays : de ces contacts naîtra entre autres le prestigieux Institut tchécoslovaque d'égyptologie créé conjointement à Prague, en octobre 1958 et au Caire, en mai de l'année suivante.  
   Et tout naturellement, fort de ces excellentes relations scientifiques mais aussi  diplomatiques entre les deux Etats, l'Institut prendra activement part, au début des années soixante, au plus colossal  projet de sauvetage de monuments que notre monde ait jamais connu : celui, patronné par l'Unesco, des temples de Nubie menacés de totale disparition, de total ensevelissement suite à la la construction du Haut-Barrage d'Assouan.
  
   Si, parmi les pays "généreux donateurs", certains reçurent du gouvernement égyptien l'un ou l'autre bâtiment d'exception - je pense entre autres au temple de Debod, originaire de Basse-Nubie, qu'à défaut d'avoir peut-être déjà admiré à Madrid,
dans les Jardins de l'Ouest, vous pourrez ici, amis lecteurs virtuellement visiter ; ou à celui de Dendour, érigé par l'empereur romain Auguste en tant que pharaon, maintenant au Metropolitan Museum de New York -, la République tchèque, quant à elle, se vit octroyer du gouvernement égyptien, en guise de remerciement donc, une des plus grandes concessions de fouilles jamais accordée à des archéologues étrangers : le site d'Abousir, à une petite trentaine de kilomètres au sud-ouest du Caire, avec notamment sa nécropole des souverains de la VIème dynastie.

(Photo de Milan Zemina que j'ai extraite du catalogue
, acquis à Prague, de l'exposition Discovering the land of the Nile ("Objevovani zeme na Nilu"), célébrant le demi-siècle d'existence de l'Institut tchécoslovaque d'égyptologie (I.T.E.) dont j'ai aujourd'hui quelque peu retracé la naissance.)
   Respectivement, en 1970 et 1971, décèdent Jaroslav Cerny et Zbynek Zaba ; puis, en 1974,  le successeur immédiat de ce dernier à la tête de l'Institut.
   Un jeune égyptologue, né en 1941 à Brno, en prend alors en mains les rênes, dix-sept années durant, conjointement à celles de l'égyptologie tchèque :  il s'appelle Miroslav Verner et, sous sa direction, les fouilles réalisées à Abousir, déjà pourtant très prometteuses, vont offrir au monde savant de nouveaux et inestimables "trésors".

     C'est, amis lecteurs, sur ce terrain archéologique, en sa compagnie mais aussi celle de ses prédécesseurs, que je vous invite à me suivre samedi prochain : nous ferons ainsi mieux connaissance avec le site d'Abousir ...  

  
(
Onderka & alii : 2008, passim ; Vernus : 2001, 63)