Ce n’est pas la première fois, il s’en faudrait de beaucoup. Il est vrai que le mensonge est érigé en vertu suprême à l’UM/Posture. Sans nul doute le résultat du culte du chef et l’imitation. Or donc, Valérie Pecresse et Jean-Claude Delarue - président de la fédération des usagers des transports - ont dénoncé le 18 mars 2010 “le flou absolu” de la proposition du PS, des Verts et du Front de gauche de créer un tarif unique pour les transports en Ile-de-France”… Ils ne manquent ni d’air ni de toupet.
D’abord, j’avais déjà eu l’occasion de dire que Valérie Pécresse critiquait le coût du projet de Jean-Paul Huchon d’un tarif unique de la carte Navigo le week-end – libre circulation sur l’ensemble du réseau de transports de la Région parisienne quel que soit le nombre de zones de la carte – ce qui est déjà un premier pas.
J’avais ensuite épinglé la proposition totalement démagogique d’Yves Jégo d’un pass Navigo au tarif unique de 30 euros qui reviendrait à 1,5 milliards d’euros par an : le budget de fonctionnement du STIF (syndicat des transports d’Ile de France) n’y survivrait pas !
Enfin, l’idée d’un tarif unique est dans l’air – j’en avais parlé en rendant compte d’une réunion du Parti Socialistes du Val d’Oise qui s’était tenue à Argenteuil où j’avais participé à un atelier sur les services publics. La question des transports en Ile de France avait occupé la majeure partie de la matinée.
Sans doute Valéry Pecresse pense-t-elle qu’il suffit d’avoir une idée et de claquer des doigts. Ça, c’est la “méthode Sarko”… Foncer : dans le mur ! Après, il met les ministres et les députés au pied du mur : comment faire pour que l’intendance suive. Ce n’est plus son problème. Il est déjà passé à une autre idée mirobolante.
Je rappellerais que la Région a déjà fait beaucoup d’efforts depuis 2004. Elle a institué la carte Imagine R’ pour les jeunes, jusqu’à 25 ans. Ensuite, elle a progressivement instauré la gratuité pour les titulaires des minima sociaux, passant de 50 % à la gratuité totale. Ce qui n’est pas rien. Enfin, elle a supprimé les zones les plus lointaines – 7 et 8 – en les fusionnant avec la zone 6. Les personnes qui vivent très loin et travaillent à Paris où dans la banlieue proche (ou l’inverse, je pense notamment aux enseignants) ont très certainement apprécié l’économie.
Il resterait donc à instituer un tarif unique. Ce n’est pas une mince affaire et cela demande du temps et de la réflexion. Parce que cela représente un coût non négligeable. Il faut parvenir à une sorte de péréquation entre ce que payent les Parisiens et les habitants de la proche banlieue – zone 1 et 2 – et les banlieusards qui vivent au-delà, jusqu’à la zone 6. Sachant par ailleurs que tous n’utilisent pas des forfaits couvrant les plus longues distances.
Pour que les choses soient claires, je vous inviterais à consulter les tarifs de la carte Navigo. Je ne peux sur ce blog présenter un tableau…
Le moins que l’on en puisse dire étant que c’est vachement compliqué… Chacun prenant un abonnement en fonction de ses besoins - et de ses moyens… perso, j’ai utilisé longtemps une carte Navigo zone 3 et 4 et je prenais des tickets de train et de métro quand j’allais à Paris, une carte 4 zones étant largement au-dessus de mes revenus. Les personnes qui travaillent se voient rembourser 50 % de leur abonnement par l’employeur. Les retraités ou autres inactifs : tintin !
Après divers calculs que je ne vous infligerais pas, il ne me semble pas que l’on puisse envisager un pass Navigo couvrant l’intégralité de la Région parisienne lato sensu au-dessous de 60 ou 65 euros par mois. Ce qui reviendrait grosso modo à 600 millions d’euros par an au STIF et qui correspond aux chiffres avancés par Jean-Paul Huchon et Cécile Duflot. Prétendre le contraire, comme Jégo avec son passe à 30 euros – un temps j’entendis parler de 40 – serait se foutre de la gueule des Franciliens : demain on rase gratis.
Il serait confronté à la quadrature du cercle et à la gestion du STIC. Amateurs, s’abstenir ! Soit, il ne pourrait rien faire compte tenu de la réalité financière – le pass à 30 euros revenant à 1,5 milliards d’euros par an ! Quasi le triple… Donc promesse non tenue… Soit, il serait bien obligé de se plier à la réalité des chiffres et d’en arriver à un Pass à 60 ou 65 euros. Le double de sa promesse ! Au grand déplaisir de ceux qui y auraient cru…
Bien évidemment, Valérie Pécresse, comme Chantal Jouanno pense rarement aux banlieusards. Celle-ci, quand on lui demandait ce qu’elle comptait faire pour ceux qui ne sont pas Parisiens mais usagers de Paris, répondait qu’elle envisageait un “passeport climat” pour les touristes qui leur donnerait accès à des coupe-file pour des musées ou des entrées gratuites s’ils utilisent les transports en commun. Ignorant superbement les quelques deux millions de banlieusards qui y travaillent ou transitent quotidiennement par Paris !
Valérie Pecresse et Jean-Claude Delarue n’y vont donc pas avec le dos de la cuiller : “ces approximations sont irresponsables. En refusant de préciser le prix du futur Pass Navigo, la gauche ne dit pas la vérité aux Franciliens : les usagers des zones 1 et 2 devront vraisemblablement payer beaucoup plus cher leur abonnement” (…) “les Franciliens seront tous victimes de la mise en place de ce tarif unique avant que les conditions de transport des Franciliens aient été améliorées”… car ils soutiennent sans vergogne que “la liste Huchon-Duflot-Laurent accepte de sacrifier l’amélioration de la qualité de service dans les transports en commun au profit d’une mesure clairement démagogique”… Plus démagogique que le Pass à 30 euros de Jégo dont ils ne disent évidemment pas un mot ?
Lors d’un meeting mercredi soir, Valérie Pécresse n’avait pas craint de déclarer que les Franciliens seraient “heureux d’apprendre que Jean-Paul Huchon vient de sacrifier la rénovation des transports en commun pour tenter de conserver son poste”.
Tordons donc le cou à ses sarkonneries de première bourre !
Il coûte déjà plus cher que celui des autres zones. La raison en est bien simple : les usagers de Paris et de la proche banlieue bénéficient d’une offre de transports bien supérieure à celle de la banlieue plus lointaine : métro, RER et bus. La circulation de ceux-ci s’étant de surcroît considérablement améliorée avec les couloirs réservés qui sont maintenant respectés. Quand je vais à Paris, je préfère prendre l’autobus, je sais donc de quoi je parle. Vous y ajoutez les Velib qui sont plébiscités aussi bien par des Parisiens que par les touristes ou certains banlieusards.
La fréquence de passage de ces modes de transports dans Paris intra-muros ou la proche banlieue ne peut être comparée à celle des banlieues plus lointaines. Pour remonter à Montmorency à partir de la gare d’Enghien à certaines heures de la journée, il faut parfois attendre 1 h ¼ pour avoir un bus ! Le soir c’est encore plus flagrant. Les Parisiens trouveront toujours un moyen de transport – même si la fréquence est moins importante – jusqu’à 1 heure du matin. Plus les Noctambus – qui aujourd’hui desservent la banlieue toute la nuit… grâce à l’actuel Conseil régional !
Alors que si j’arrive à Enghien après 21 heures, je suis obligée de monter à pinces, quasi 3 km. Et encore, suis-je privilégiée par les habitants du Haut-Montmorency ! Ça lui dit quelque chose, à la mère Pecresse ?
D’abord, il faut rappeler que les transports ne relèvent de la compétence des régions que depuis 2004 et que Jean-Paul Huchon ne préside le STIF que depuis 2006. Je ne juge pas en partisane mais en usagère des transports publics et je constate qu’il y a eu d’incontestables améliorations depuis quelques années. Il reste sans doute beaucoup à faire. C’est une question de programmation et surtout de priorités. Car tout cela a un coût non négligeable et doit donc être envisagé sur une longue période pour étaler les dépenses.
Et c’est précisément à cet égard que Valérie Pecresse fait étalage de son ignorance des règles de la comptabilité publique dont relève le STIF à moins qu’elle ne mente éhonteusement…
En effet, dans les organismes régis par le droit public et donc la compta publique, on distingue soigneusement le budget en deux parties : le budget dit “de fonctionnement” auquel se rattacheront les dépenses liées au tarif unique du Pass Navigo et le budget dit “d’investissement” qui comme son nom l’indique bien concernera les opérations de rénovation et d’amélioration des transports franciliens, y compris l’ouverture de lignes nouvelles le cas échéant.
Or donc, il est patent qu’un Pass Navigo à tarif unique pour la totalité de la Région Ile de France ne sacrifiera en rien l’amélioration du réseau de transports publics. Et qu’en attendant 2012 – date fixée par Jean-Paul Huchon pour son adoption après des études de faisabilité – les travaux d’amélioration et l’acquisition de nouveaux matériels continueront.
CQFD : la mauvaise foi de Valérie Pecresse est patente ! Il faut dire aussi que comme ses collègues de l’UMP – sauf Karoutchi soulignait Jean-Paul Huchon – Chantal Jouanno et Frédéric Lefebvre, elle a toujours brillé par son absence lors des réunions du Conseil Régional.
En attendant la zone unique, et si j’avais quelque pouvoir – mais cela se saurait et je suis totalement dénuée de toute ambition politique, je l’ai toujours été et ce n’est pas à bientôt 63 balais que cela risque de me prendre ! – je suggérerais de réduire le nombre de zones existantes en les fusionnant comme cela a déjà été fait pour les zones 7 et 8, intégrées à la zone 6. Par exemple regrouper les zones 1 à 3 et les zones 4 à 6.
Enfin, il restera que les autres collectivités territoriales - communes et conseils généraux -accordent des avantages à certaines catégories d’usagers des transports publics, familles nombreuses et retraités notamment. Allant du demi-tarif à la gratuité, en général en fonction des revenus.Ne serait-il pas envisageable de regrouper les dépenses afférentes à ces aides pour créer un guichet unique qui accorderait les mêmes avantages au Pass navigo ?