J'étais en Guyane. J'ai commencé La maison des feuilles, de Mark Z. Danielewski, dans l'avion, l'ai lu dans la chambre d'hôtel, puis dans un hamac sur une terrasse. Peu vous importe sans doute. Mais il me fallait cette étrangeté pour lire ce livre. Et, peut-être, le fait d'être en Guyane, de l'autre côté de l'Atlantique, n'est pas indifférent à ma découverte. Le soleil ne se couche pas sur l'océan de ce côté-là, les repères sont donc renversés. J'étais doublement ailleurs. Je ne dis pas qu'il faut partir à plus de 7000 km de son lieu d'habitation pour apprécier ce livre, mais je salue la qualité de la traduction de Claro, apte non seulement à rendre les tons divers rencontrés dans le livre, mais aussi à adapter les jeux de mots qui n'y manquent pas. Au point que le traducteur est plus que le metteur en français d'un tel texte polymorphe.
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Y g g
d
r
a
s
i
l
Quel est ce miracle? Cet arbre gigantesque.
Il mesure plus de mille pieds de haut
Mais ne touche pas la terre. Cependant il se dresse.
Ses racines doivent porter le ciel.
O
(La maison des feuilles, dernière page)