À propos d’Ys.
Au départ, c’est une ville légendaire de Bretagne, qui connut son heure de gloire avant de devenir la ville du péché sous l’influence de Dahut gagnée par la folie des grandeurs et du stupre, et d’être engloutie par l’Océan.
Au début des années soixante, Sylvia Plath lui consacre un poème nommé en anglais Lyonness (nom anglais d’Ys) ; le voici, traduit par Françoise Morvan et Valérie Rouzeau :
Nul besoin de siffler pour qu’elle apparaisse !
Ys est à coup sûr d’un froid de mer, d’un froid de mer.
Et lui, voyez-le, un rocher de craie à pic sur le front-
C’est là que tout s’est englouti,
La mer bleue, verte
Vaguement grise ou dorée
De ses yeux l’inondant d’un coup,
Une bulle oblongue
Montant de la bouche arrondie des cloches,
D’un peuple et des veaux.
Les gens d’Ys s’étaient toujours dit
Que les cieux seraient différents
Mais avec les mêmes yeux
Les mêmes lieux…
Ça ne les a pas surpris
Cette atmosphère hâve et translucide, assez respirable,
Ce gravier froid grinçant sous les pieds,
Ce réseau aveuglant de l’eau sur les rues et les champs.
Ils n’ont jamais pensé qu’ils avaient pu être oubliés,
Que le gros Dieu,
Fermant l’œil avec indolence, avait pu les lancer
Par-dessus la falaise et sous tant d’histoire !
Ils ne l’ont pas vu sourire
Tourner comme un fauve,
Dans sa cage d’étoiles, sa cage d’éther,
Il en avait eu tant, de guerres !
Le blanc béant de son esprit fut la vraie Table Rase.
En 2006, c’est Joanna Newsom qui reprend ce nom et le donne à son album féerique, aux arrangements merveilleux de Van Dyke Parks dont on avait déjà parlé ici ou là. Vous écoutez maintenant Cosmia, le morceau le plus court (7 min 15 !) qui clôt l’album.
Décidément, cette ville est inspirante…
Peinture (détail) de Roland Cat.