La neige a ses rêves qu’elle ignore de tant tomber de ciel
sur nous.
C’est une proche on peut l’appeler
Neige la tutoyer très vite.
Mais un salut par amen d’elle et
dire Flocon à chaque fois !
Flocon tu fonds sur le cœur de mon
père, Flocon tu brûles à son front…
Beau neige voix blanche.
*
Miroir dis-moi voir c’est ma
tête ?
N’ai-je pas une grimace, une
nouvelle ligne aussi à me barrer le front ?
Fais voir un peu ma figure :
la figure orpheline ressemblante.
Renvoie-moi tout craché mon visage
si je bouge vivante.
Si je bouge encore plus tu ne vois
plus du tout ma gueule de fille frappante.
J’enlève mon visage de vivante,
miroir.
Pas revoir.
*
Savoir ça voir rien à voir ça n’a
et pourtant non c’est toi ta belle tête dure.
Ç’à voir avec toi quand même mais
de loin toi-même n’en voyant rien de rien.
Roulé qu’on te donne des baisers
dans la pièce froide sans ciel du tout, roulé j’attends j’entends qu’on t’a –
papa si près je brûle je sais attends qu’on ouvre mais quelle planque.
Qu’on ouvre mais quelle planque ça
y est sans ciel du tout tu fermes bien les yeux et bouh.
*
Les mains si froides et ce n’est
pas le cœur qui brûle.
Pose une oreille mais elle ne sent
rien ni l’autre.
Combien de mouchoirs mettre pour
rester un peu encore avec aussi la bouche, les yeux : trouve deux.
Encore un peu une main puis deux
nos têtes se cognent même nombre là.
Genoux ensemble.
Pieds joints.
Le coeur est un et ne fait rien.
*
De l’escargot il reste sa
coquille, de quoi saisir du ciel avec la pluie venue pour voir dans la
coquille.
Ça résiste longtemps sans malice
dans le trèfle ou le pissenlit : on regarde le ciel changeant dedans,
petit petit.
Valérie Rouzeau, Pas revoir, p.19,
34, 60, 83, 86, (réédité dans « La petite vermillon », éditions de La
Table Ronde, 2010)
par Ariane Dreyfus
Valérie Rouzeau dans Poezibao :
bio-bibliographie, fiche
de lecture Récipients d’air, fiche
lecture de Kekzakkalu, extrait
1, extrait
2, extrait
3, fiche
de lecture de Valérie Rouzeau, Sylvia
Plath, un galop infatigable, extrait
4, extrait 5, extrait
6, extrait
7, Quant
je me deux (par Ariane Dreyfus), Quand
je me deux (notes de F. Trocmé), extrait
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