En avant-première au Zango bar, restaurant argentin au 15 rue du Cygne à Paris 1er, les organisateurs du salon Destinations Nature! ont exposé aux tour-operators et aux blogueurs ce qui sera tendance cette année. Outre la nature proche (voir la note précédente), l’exotisme proche : pas loin, pas cher, confortable et dépaysant. Les touristes se faisant plus rares cette année, par soucis financiers mais aussi par peur des enlèvements et de l’extrémisme religieux, les destinations se veulent cocons et traditionnelles. Pour sortir d’Europe, rien de tel que la Jordanie, Oman ou la randonnée chamelière dans le Sahel.
Selon la dernière étude de l’Eurobaromètre 2010, 32% des Européens qui vont partir veulent rester cette année dans leur propre pays, un tiers de plus que l’an dernier. Ceux qui partent sont surtout jeunes, éduqués et citadins. 37% partiront pour se reposer et se distraire, 19% pour le soleil et pour la plage, 6% seulement pour les activités nature. Très peu, sauf dans les pays du nord, aiment les destinations nouvelles et ils sont 58% à organiser tout eux-mêmes. 16% des Français écoutent l’expérience personnelle des autres pour choisir leur voyage mais 23% utilisent Internet comme « source d’information importante » !
La sympathique Claudia Vincent, auteur avec Guy Rachet du beau livre ‘La route du roi’ sur la Jordanie, est amoureuse du pays et fait volontiers passer son enthousiasme. Elle vante l’hospitalité, le goût des échanges humains et la beauté des nuits cristalline devant les blogueurs recueillis qui applaudissent à la fin. Publié aux éditions du Rocher en 1996, on trouve encore son livre d’occasion pour 50€ chez Amazon !
Oman est moins connu, péninsule coincée entre l’Arabie Saoudite dont elle est la pointe, et l’Iran en face, sur l’autre rive du golfe d’Oman. Mais le sultanat n’a rien d’intégriste ni d’agité ! Si l’on y est musulman, la cuisine et le vêtement féminin sont plutôt indiens et l’on y parle anglais largement. Pourquoi faire comme tout le monde ? Aller en Oman n’est pas se retirer au désert mais voir dialoguer tradition et modernité à Mascate, la capitale, où nulle voiture ne peut entrer si elle est sale !
C’est aussi, mais à deux heures de route, tutoyer les déserts et la vie bédouine. Sinon, les 1700 km de côtes offrent des plages de sable ou du rocher pour la plongée ou l’observation des tortues pondeuses, tandis que les montagnes du Hajar culminent à plus de 3000 m, offrant des gorges où se baigner dans des vasques naturelles, de la verdure et une faune à observer. Des hôtels quatre étoiles au camping sauvage (autorisé partout), du 4×4 au chameau, ce pays hospitalier n’est pas exigeant sur la tenue : rester correct et respectueux est le minimum demandé. Le bikini des femmes et le torse nu des hommes est autorisé sur les plages et aux abords des piscines, mais les jambes et les épaules couvertes dans la ville et les villages. Rien de plus que dans nos campagnes françaises !
S’il est plus agréable de voyager entre octobre et avril, l’été connaît la mousson qui reverdit la région du Dhofar et rend très lumineuse la plongée. La destination nature hors des sentiers battus plaît beaucoup aux familles avec adolescents – et chacun sait combien des êtres timides et fragiles aiment les activités étonnantes mais sûres.
Maurice Freund, fondateur de la compagnie charter Point Afrique à destination de la Mauritanie, expose que la lutte contre l’intégrisme wahhabite en Afrique sahélienne passe par la fidélisation des populations locales au tourisme. Si les gens locaux ont intérêt à voir des étrangers qui leur apportent devises et développement, ils seront moins tentés par les prêches haineux d’Al Qaida. Maurice Freund, élu Homme du Tourisme de l’année 2009, expose combien voyager est une arme pour la paix. Les randonnées chamelières restent donc ouvertes en Mauritanie et au nord du Niger, la sécurité étant assurée par les populations locales équipées de balises Argos et de GPS.
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