Ce matin avec Jean-Claude, on est passé au Caribean. La photo que vous voyez a été prise de la place où nous étions quand la terre trembla, que le building s’effondra. La partie arrière de 4 étages est toujours debout, mais la section devant, où était le market, ressemble aujourd’hui à un grand trou. Je ne sais pas trop, certaines personnes me disent qu’on a sorti une cinquantaine de cadavres, d’autres parlent de plus de 150. Et dire que le slogan de l’épicerie était Le paradis du consommateur… Disons simplement que l’odeur de mort continue de nous embuer les narines. J’étais entré sur le stationnement le lendemain de bagay la, mais plus jamais depuis. Je voulais y remettre les pieds, comme si j’avais besoin de faire un petit pèlerinage sur le lieu du drame. Il y a ce silence dans l’air, comme si la mort se rappelait à nous, à moins que ce ne soit la chance ou le destin qui parlent le silence. « Anpil chans » me dit Jean-Claude. En fait, il me le répète souvent depuis bagay la. Chanceux d’être en vie, que sa femme et ses trois filles soient en vie, d’avoir toujours un travail, … « Dye li bon pou mwen. » « C’est vrai Jean-Claude, Dieu est bon pour toi. » On roule vers le bureau et je me demande silencieusement si c’est Dieu qui est vraiment bon pour lui, ou si ce n’est pas plutôt l’inverse ?