On craignait une comédie sentimentale insipide… et pourtant. Autour de Romain Duris et de Vanessa Paradis, L’Arnacoeur se révèle séduisant et même drôle.
A priori, L’Arnacoeur sent bon le film de commande, et l’on n’ira pas dire que les ingrédients de cette comédie romantique ensoleillée fleurent bon l’originalité. Paysages-cartes postales estampillés Côte d’Azur, glamour et luxe, jeu d’identités incarné par le héros masculin : de La Main au Collet porté par le duo Cary Grant/Grace Kelly au plus récent Hors de Prix avec Gad Elmaleh et Audrey Tautou, certains éléments semblent décidemment faire recette. Mais pour son premier film, sans renier un déjà-vu évident, Pascal Chaumeil livre un travail soigné.
Alex (Romain Duris) et ses deux acolytes (Julie Ferrier et François Damien) font équipe en tant que “briseurs de couples”. Seule condition préalable : que la femme ne soit pas heureuse. Toutes les astuces - du bricolage artisanal au dernier gadget high tech – sont alors bonnes pour obtenir la séparation des deux conjoints. Une mission pas si impossible… sauf lorsque le couple en question, à deux doigts de se marier, vit un bonheur sans failles. Mais quitte à renier la bonne morale, que ne ferait-on pas pour gagner de quoi combler quelques dettes grâce à la fortune d’un père peu enclin au mariage de sa fille ! C’est là qu’Alex entre en action, avec ses mille et une astuces pour empêcher le mariage de Juliette (Vanessa Paradis) avec l’homme qu’elle aime…
Forcément, le scénario - malgré un point de départ plutôt intelligent et audacieux – laisse rapidement entrevoir ses grosses ficelles. Mais, beaucoup plus fin qu’il n’y paraît, L’Arnacoeur ne séduit pas tant par son histoire très balisée que par la manière dont elle est racontée. Ne se contentant jamais d’aligner les gags gratuitement, le film parvient à concilier habilement caricature et psychologie autour du personnage interprété par Romain Duris, victime de son propre jeu. Face à lui, l’interprétation plutôt minimaliste de Vanessa Paradis fait mouche. Pas besoin d’en faire des tonnes : par sa seule présence, l’actrice apporte une aura de glamour séduisante à souhait. Mais si le couple d’acteurs fonctionne bien, le véritable potentiel comique émane d’un second rôle. François Damien, en co-équipier gaffeur et beauf, crève l’écran et porte presque à lui seul les meilleurs moments drôles du film, tenant d’un comique que certains qualifieraient de « vulgaire » si la réalisation n’était pas aussi soignée.
Malgré une bande-originale omniprésente qui finit parfois par alourdir inutilement la narration, le peu de dialogues laisse part à un humour essentiellement visuel et dosé par un rythme très bien maîtrisé. Derrière son apparente facilité, L’Arnacoeur est une comédie largement au-dessus des productions habituelles du genre : ce n’est pas que pour rire. C’est du cinéma.
En salles le 17 mars 2010
Crédits photos : © Universal Pictures International France