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Construis-moi un mouton.
Toutes les mafias du monde ont la même source: l'impuissance.
Ils ont toutes la même quête: son contraire.
Si ils n'étaient pas si impuissants ils n'auraient pas besoin de la brutalité auquel il font souvent appel, ils n'auraient pas besoin de taxer quiconque, ils n'auraient pas besoin de la meute.
Des nouveaux arrivants transplantés dans un nouveau décor, se regroupent. On ne parle nécessairement d'ethnies ici, juste des expatriés, sociaux ou autres. Ils se regroupent tout naturellement. Rien de plus normal que la recherche du confort. Et le confort on le trouve souvent dans ce que l'on connait.
Les gens se rapprochent de ceux en qui ils se reconnaisssent. Une fois qu'ils se sont reconnus entre eux il faut bien qu'il fasse quelque chose, qu'ils gagnent leur vie. Pour gagner il faut jouer. Et pour jouer il faut des règles. Question de se recréer un confort. À son image cette fois.
Comme les règles c'est souvent compliqué, toujours désobligeant et contraire au confort recherché par l'impuissant dans un univers où il n'a plus la force de se soumettre, il passe l'arme à gauche. Il choisit de faire ses propres règles. Peu importe celles déjà existantes, il aura les siennes, avec son troupeau bien à lui pour que le jeu fonctionne. Ponzi a penzé à zela il y a longtemps déza.
SA hiérarchie doit être bien enlignée pour que l'échafaudage ne tienne.
Et se transforme peu à peu en empire.
Pour que tout ça passe de l'esquisse au tableau de chasse, il faut jouer des bras. Vivre sur les dents. Des dents toujours menacées de se faire défoncer car le propre de l'impuissant c'est de frapper. Frapper fort. Il faudra transformer quelques pivoines en épineuses herbacées. Casser du sucre sur du plus petit, en groupe préférablement, afin de se tailler une réputation où on voudra vous donner un petit nom d'amour.
"Finger" Robinson
"Shitless" Chuck
"Buttfuck" Frank
"Padcash" Jake
"J-String" Johnson
"Rambo" Gauthier
Sauf que ce nouvel ordre régional doit toujours rester sous le radar, underground. Le plus discret possible mais avec des échos savamment contrôlés aux bons endroits. Une diffusion du mystique suffisament vague pour que l'imagination soit stimulée et qu'au bout du compte les légendes naissent.
Underground mais tout en ayant une facade publique solide. De type béton. Avec ou sans cadavres coulé dedans. Idéalement avec cadavres pour pousser l'audace, semer la terreur et nourrir le mythe.
Ce sont les chiens qui gardent les moutons, alors il faut japper pour mieux dominer sa meute. Toutefois quand nos magouilles sont exposées, il faut changer de masque.
Il faut conduire l'opéra de la veuve et de l'orphelin et manipuler l'opinion publique du mieux que l'on peut. Les courroies de transmissions, les messsagers de la pensée de masse, ce sont les journalistes, heureusement scolairés pour la plupart.
L'école des petits "mafieux" c'est la rue. Streetwise comme on dit.
Si on réussit à faire jouer aux journalistes la note de violon que l'on recherche, l'orchestre ne sonnera pas faux.
Mais c'est rare. Comme je l'ai dit les gens sont généralement instruits.
Le grotesque défilé des Richard Goyette, Bernard "Rambo" Gauthier et Jocelyn Dupuis depuis une semaine est gênant de médiocrité.
Ils ne font que prouver une fois de plus que pour que le voyou règne, ça prend du mouton. Ça se trouve un peu partout. Mais ça prend aussi du poisson au bout de la ligne. Là, ça mord moins.
Il faut qu'il y ait loup dans la bergerie.
Tant que le loup est de la "famille"
Pas de la grand' ville.
Laissez-nous taxer nos bénéwiwis. Semblent-ils dire.
Construis-nous un mouton.