L'abstention me tente encore...

Publié le 18 mars 2010 par Edgar @edgarpoe
Le paysage politique français aujourd'hui, c'est plat unique. Personne ne propose ni de revenir au Franc, ni de sortir de l'Union européenne. Sur un point majeur de la politique économique, la politique monétaire, il n'y a donc qu'un seul objectif : 2% d'inflation maximum.

Après les partis français sont libres d'apporter leur petite note, l'orchestre joue à Francfort :

LO : 2% de quoi ?
NPA : 2% d'inflation, oui mais tous ensemble, tous ensemble, ouais, ouais !
Front de gauche : 2% oui, mais après le front populaire européen, ça ira mieux...
Parti Socialiste : On a obtenu 2%, c'est mieux que 0
Modem : François Bayrou étant injoignable, 2% c'est très bien
UMP : 2% d'inflation c'est très bien, il faut juste que l'Allemagne baisse ses impôts
FN : 2% de bronzés c'est deux de trop.

Ca c'est le cadre général de la politique française aujourd'hui : mortifère et anesthésiant.

A côté de cela, voter sur le tarif du ticket de métro quand, sur la politique monétaire et sur tant d'autres sujets, il est admis que le vote ne peut avoir d'effet, cela relève du débat de fin de soirée trop arrosée.

Il n'empêche qu'entendre son fils dire à un copain "moi mon papa il n'a pas voté", ça fait bizarre.

J'irai donc sans doute glisser dimanche un bulletin nul, voire Huchon si jamais j'ai bien bu la veille et que je suis d'humeur guillerette.

D'un autre côté, voter c'est cautionner un système qui refuse de voir ses échecs. Quand Duhamel dans sa chronique de Libération écrit que le vote devrait être obligatoire, sans rappeler que lorsque le taux de participation a atteint des records, lors du rejet de la Constitution européenne, la voix du peuple français a été bafouée, il ne mérite que mépris.
L'idéal de la clique politico médiatique c'est cela : des think tanks financés par des entreprises, promettant des idées formatées, des primaires drivées du début jusqu'à la fin par les sondages, une élection verrouillée avec enthousiasme obligatoire ; bref, un système fonctionnant en vase clos mais préservant les apparences de la démocratie et débarassé des dangers du suffrage (il y avait encore un papier de Pierre rosanvallon dans Libé ce matin, oligarque rejetant la loi des élections).
Et quand on lit ici ou là que l'abstention n'a pas de signification, on a envie de persister dans l'affirmation que l'abstention constitue aussi le rejet d'un système totalement et absurdement verrouillé.

J'hésite encore...

*

2% d'inflation, après tout pourquoi pas pourrait-on dire ? Sauf que le chef économiste du Fonds monétaire International a recommandé récemment de viser plutôt 4% que 2%, avec plein de bonnes raisons. Il parle depuis un lieu où la pensée est encore à peu près libre faut-il croire...