X777777777777777777777777777777X La Légende arthurienne, Tome 1 :
Excalibur ou L'Aurore du royaume
de Claudine GLOT
et Marc NAGELS
(Partenariat Livraddict -
Le Pré aux clercs)
Editions Le Pré aux clercs,
2009, p. 309
Première Publication : 2009
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Spécialiste reconnue de la mythologie arthurienne, auteur de romans, de recueils de contes et d'articles sur des thèmes historiques et légendaires liés au monde celtique, Claudine Glot a fondé et préside le Centre de l'imaginaire arthurien, au château de Comper-en-Brocéliande dans le Morbihan.
Marc Nagels travaille dans le journalisme et l'édition. Il est l'auteur d'ouvrages et d'articles portant sur l'Ouest, sa région natale. Passionné par l'imaginaire et les mythologies celtiques et nordiques, il a également collaboré à de nombreux ouvrages collectifs sur ces sujets.
Résumé de Quatrième de Couverture : ++++++++Un grand roman de fantasy médiévale qui revisite la légende arthurienne au plus près de ses sources. Le premier tome d'une nouvelle saga écrite par deux spécialistes du genre.
++++++++"Voici le décor, voici les protagonistes : des fées, des cavaliers, les murmures de la forêt, et une épée encore, Excalibur ! (...) Comment retrouver la source d'une légende, saisir une flamme si fragile ? Il faut convoquer la tempête, chevaucher les vents et souhaiter au même instant l'apaisement d'un savoir plus profond. "++++++++Claudine Glotet Marc Nagels nous proposent une nouvelle vision du monde chevaleresque, résolument moderne et inédite, en redonnant à tous les personnages de l'aventure arthurienne fraîcheur et humanité. Ils ont repris le flambeau, dans une langue et sur un rythme d'aujourd'hui, pour nous plonger de nouveau dans ces aventures fabuleuses et immortelles ponctuées de noms qui à eux seuls claquent comme des oriflammes : Arthur, Guenièvre, Lancelot, Merlin, Morgane, Perceval...
++++++++L'aventure continue et n'est pas près de s'éteindre.
Avis personnel :
+++++Il faut savoir que les légendes arthuriennes (oui, je préfère utiliser le pluriel, car avec toutes les version existantes, je pense qu’il est légitime) me suivent depuis quelques années maintenant et qu’elles font partie de ces passions débordantes qui ne connaissent pas de limites. J’ai lu et vu beaucoup de choses sur le sujet (pas tout, bien évidemment) et je pense donc connaître les grandes lignes, les tenants et les aboutissants. Ainsi, lorsque j’ai vu que Livraddict lançait un partenariat avec la maison d’éditions Le Pré aux clercs et qu’un livre, au titre ô combien révélateur, était proposé, je n’ai pas hésité plus d’une seconde, curieuse de voir ce qu’une énième réécriture du mythe pourrait apporter de neuf ! C’est après avoir terminé cette lecture et en faisant quelques recherches de-ci de-là, que je me suis rendue compte qu’il s’agissait du premier tome d’un petit cycle nommé La Légende Arthurienne. Il aurait été bon de le préciser sur la couverture et/ou la tranche, à mon avis, car pour ceux qui ne s’y attendent pas (et qui ne lisent pas le résumé de quatrième de couverture, comme moi…), les dernières lignes du texte peuvent paraître étranges de prime abord, et l’on pourrait se demander s’il ne manque pas une poignée de pages pour conclure la légende… Ceci dit, l’histoire d’Arthur et de son entourage est tellement dense, qu’il paraît logique qu’il faille la raconter sur plusieurs volumes ; et je me procurerai la suite sans aucune hésitation !
+++++Faut-il vraiment faire un résumé de cette légende ô combien célèbre encore aujourd’hui et qui n’est sans doute pas près de tomber dans l’oubli ? Pour ceux qui auraient vécu jusque-là dans une grotte (et qui, par hasard, se trouveraient aujourd’hui sur cet article), le mythe arthurien prend sa source quelques années avant la naissance du renommé roi Arthur. Les royaumes de Bretagne (il faut comprendre l’Angleterre actuelle [d’où le nom Grande-Bretagne] et notre Bretagne française, alors appelée Petite Bretagne) sont en guerre et doivent faire face aux assauts de plus en plus nombreux de divers peuples étrangers, les Pictes et les Saxons principalement. C’est en ces temps troublés qu’un certain Constantin monte sur le trône et laisse plus tard, sa place à son fils aîné - Constant - qui, mal conseillé par le rusé Vortigern, ne tarde pas à perdre la vie, au profit de ce dernier ! Arrive ensuite l’épisode de la tour désirée par le roi félon, qui ne veut pas s’élever au dessus du sol, entrainant la recherche d’un enfant sans père pour le sacrifier (son sang permettrait à la tour de cesser de s‘effondrer), et la découverte du jeune Merlin, qui, malgré son jeune âge (il n’est qu’un enfant), tient tête aux adultes et leur prédit de grandes choses… La légende du devin est faite et dès lors, son sort sera étroitement lié à celui des futurs dirigeants du royaume breton. A commencer par Pendragon et Uther, les deux frères cadets de Constant, qui réclament le royaume qui leur revient de droit ! Grâce aux stratagèmes de Merlin, les deux frères parviennent - non sans mal - à retrouver leur place. Pendragon meurt rapidement dans une bataille, laissant le trône au plus jeune frère qui devient dès lors, Uther Pendragon. Bon roi, le jeune homme perd pourtant toute raison, lorsqu’il rencontre la belle Ygraine - femme de Gorlois - et n’a ensuite de cesse de la courtiser, jetant un froid diplomatique. Encore une fois, Merlin utilise un stratagème pour combler son roi, qui, prenant l’apparence physique du mari jaloux, passe une nuit avec sa belle alors que l’époux cocufié meurt plus loin au combat. De cet unique moment de passion naît celui qui deviendra le plus célèbre des rois, le jeune Arthur que l’Enchanteur enlève à ses parents dès sa naissance, pour le confier à un brave chevalier, Antor. Je vous passe les détails de la suite des évènements, et vous conseille plutôt de lire le livre, pour retrouver le détail des aventures d’Arthur, qui devient roi en retirant l’épée du rocher, et des autres chevaliers de la Table Ronde (Yvain, Gauvain, Ban, Bohort,…), jusqu’à l’adolescence de Lancelot, et son proche départ du palais sous le lac, où Viviane l’élève comme s’il était son propre fils…
+++++Je pense qu’avec ce « résumé », vous l’aurez compris, le livre proposé par Claudine Glot et Marc Nagels est très complet, très dense et retrace l’ensemble des épisodes du mythe grâce à une dizaine de chapitres courts et bien équilibrés. Ainsi, ne vous étonnez pas de voir passer les années et même les décennies au fil des pages, parfois très rapidement, puisque les origines de l’histoire se déroulent plusieurs années avant la naissance d’Uther Pendragon et nous refermons l’ouvrage alors qu’Arthur - le fils de ce dernier - vient d’épouser Guenièvre et a donc à peine une vingtaine d’années. Le rythme est plutôt haletant, les combats sont au rendez-vous, ainsi que les déplacements géographiques. La légende nous conduit, au gré des aventures des personnages, sur le territoire de Bretagne : dans la forteresse de Tintagel où Uther - sous les traits de Gorlois - retrouve Ygraine ; du côté de la forêt de Brocéliande (donc en Petite Bretagne) où Merlin découvre pour la première fois la jeune Viviane ; en Carmélide où Arthur vient en aide, avec ses amis, au seigneur des lieux qui lui offre ensuite la main de sa fille, la belle Guenièvre ; à Camelot - demeure préférée du jeune roi - ; ou encore, du côté des demeures de Ban et Bohort qui subissent de lourdes pertes… et j’en passe ! Le temps et l’espace n’ont pas vraiment de prises sur les aventures arthuriennes, on suit les chevaliers dans leurs quêtes sans se poser de questions, peu importe que l’un d’eux traverse l’ensemble du royaume en une nuit, ou que Merlin soit à plusieurs endroits à la fois ; c’est la magie arthurienne qui prend forme…
+++++La quatrième de couverture annonce « Un roman de fantasy médiévale qui revisite la légende arthurienne au plus près des sources. ». J’avoue que j’ai un peu de mal avec cette présentation, notamment avec le terme « roman ». Pour moi, un roman présente une histoire « romancée », dans laquelle évolue des personnages auxquels le lecteur peut plus ou moins s’identifier ; le texte de Claudine Glot et Marc Nagels apporte, certes, un fil conducteur soutenu par de nombreux personnages, mais, peu d’émotions, à mon goût. Et c’est là que je rejoins la fin de la petite phrase de présentation « au plus près des sources ». En effet, à l’instar des romans de chevalerie du XIIème siècle - de Chrétien de Troyes par exemple - les évènements nous sont relatés de façon très « distante ». J’aime les romans de chevalerie pour les thématiques, les symboles, les idées qu’ils véhiculent ; et grâce à des cours de littérature et de langue du Moyen-Age, j’ai pu découvrir des textes moins connus : Le Bel inconnu de Renaud de Beaujeu, La Vengeance Raguidel de Raoul de Houdenc,… qui reprennent ces éléments ; mais, le problème est toujours le même : cette distance importante qui sépare les aventures des personnages et les lecteurs. On retrouve également la grandiloquence des textes d’origine : les jeunes filles sont évidemment belles, douces et bien faites, les chevaliers sont forcément vaillants, le front haut et l’épée habile et les scènes de combat sont « extraordinaires »… C’est un style qui est propre à l’époque et qui est brillamment repris ici mais ; si vous avez du mal avec les romans de chevalerie ou avec l’aspect plus « historique » du mythe, peut-être vaudrait-il mieux vous lancer dans la découverte des légendes arthuriennes avec des textes plus contemporains et plus romancés où la psychologie des personnages est beaucoup plus développée. Je pense par exemple au cycle des Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley, à la trilogie des Descendants de Merlin d’Irene Radford (et surtout le premier tome, les suivants sont une extrapolation), à l’excellent Enchanteur de René Barjavel, aux tomes consacrés à Guenièvre par Nancy Mckenzie, ou encore, pour les plus jeunes, aux cycles rédigés par Christian de Montella… Du côté du grand écran (et même du petit), des choses ont été faites ; par exemple Les Brumes d’Avalon (un téléfilm basé sur les deux premiers tomes des Dames du Lac de Marion Zimmer Bradley), très fidèle et très tourné vers les « anciennes traditions », Excalibur (le très célèbre film de John Boorman de 1981) qui a un peu vieilli mais qui reste une des adaptations les plus fidèles de la légende, le téléfilm Merlin (de 1998 avec la brillante Helena Bonham Carter dans le rôle de Morgane), le dessin animé de Disney Merlin l’Enchanteur (qui, malgré tout, offre certains points véritables de la légende), la nouvelle série anglaise Merlin (de 2008 avec Anthony Stewart Head dans le rôle d’Uther)… Fouillez, les réécritures, adaptations et autres sont nombreuses, et, même si certaines sont moyennes, elles ont toutes une part de « vérité » et d’intérêt.
+++++Pour finir ce long billet, j’aimerais dire quelques mots sur l’objet en lui-même. Je salue le travail de la maison du Pré aux clercs qui offre à ses lecteurs un objet de grande qualité qui mérite bien sa place dans nos bibliothèques. Ce n’est pas tellement l’illustration de couverture qui m’a séduite, mais les nombreuses illustrations style gravures (donc en noir et blanc) qui parsèment le texte et accompagnent les évènements les plus importants de la légende. De plus, chaque chapitre se voit coiffé d’une sorte de bandeau décoratif de bon goût, d’une sorte de « chapeau » (comme dans les articles de journaux) qui reprend les grandes lignes que nous offriront les paragraphes suivants, et la première lettre du premier paragraphe du chapitre se transforme en jolie petite lettrine. Enfin, en bas de chaque page, à côté du numéro de la dite page, vous pourrez retrouver le joli symbole représentant la célèbre épée. En revanche, l’absence d’alinéa d’un paragraphe à l’autre m’a au départ déstabilisée, mais par la suite, on s’y habitue. Tout est fait pour rappeler les manuscrits de l’époque et la magie du mythe et du livre s’étend un peu de ce côté-là ; il ne manquerait plus que l’ajout d’un CD de musique de l’époque (pourquoi pas des morceaux de harpe celtique ?), pour se plonger complètement dans l’ambiance et se croire revenu quelques siècles en arrière, à la cour du roi Arthur... Un petit mot également pour remercier le Pré aux clercs et les auteurs pour la présence d’un sommaire, d’un glossaire assez développé et d’une bibliographie sélective très utile et très intéressante. Le livre est complet et travaillé jusqu’au bout des ongles - si je puis dire -, et c’est vraiment très agréable !
+++++Un grand merci à Livraddict et au Pré aux clercs pour cette petite découverte. Je range le livre dans ma bibliothèque près des autres ouvrages de ma collection arthurienne et j’attends la suite impatiemment !
Les Petits [+] : Une bonne façon de découvrir tous les épisodes
du mythe arthurien ; le livre est très complet. A l’instar des romans
de chevalerie du Moyen Age, les auteurs ont choisi de garder le style
et le ton propres aux auteurs de l’époque : grandiloquence et aspects
d’un « conte » médiéval. Un glossaire et une bibliographie utiles
et intéressantes, si vous voulez approfondir certains points.
Un objet très soigné et très beau : les illustrations internes
sont magnifiques (« gravures », lettrines et bandeaux).
certains ; dans ce cas, pour découvrir le mythe arthurien, peut-être
vaut-il mieux se tourner vers des textes plus « romancés ». Une petite
chose m’a « choquée » dès le départ, c’est l’absence des alinéas dans
le texte ; c’est la première fois que je vois ça ! Ce n’est pas tellement
gênant en soi, mais c’est assez déstabilisant. Il faut malheureusement
attendre les tomes suivants pour connaître la suite des aventures,
notamment celles de Lancelot !
D'autres avis : Ellcrys
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