Compte rendu de la conférence-débat : Le Mouvement Démocrate : une alternative crédible ?

Publié le 21 novembre 2007 par Willy

 Par  http://ben3002.blog.20minutes.fr/index.html



   

Malgré la grève, une trentaine de personnes avait répondu à l’invitation de l’association Modem et Centristes de Sciences Po. Pendant plus d’une heure et demi Virginie Le Guay, journaliste politique au Journal du Dimanche et Quitterie Delmas ont exposé leurs points de vue contrastés sur les perspectives du Mouvement Démocrate.
Le Modem : c’est bien parti ?
Ainsi, pour Virginie Le Guay, le Mouvement Démocrate part tard, elle a l’impression qu’il ne s’est rien passé pendant l’été.
Quitterie Delmas rappelle que les législatives ont été dures. Le départ de certains anciens UDF a considérablement réduit les forces humaines.
Bayrou : 2012 : ce sera la bonne ?
Pour Quitterie Delmas, la grande question n’est pas la candidature de François Bayrou, mais : jusqu’où va aller l’UMP ? Il faut se concentrer sur la politique du gouvernement. On ne peut pas devenir une écurie présidentielle. 2012 ne doit pas être l’objectif premier. Il faut réfléchir à l’implantation locale et incarner ce mouvement naissant dans les communes par exemple.
Virginie Le Guay pense que François Bayrou va se présenter à nouveau en 2012. Il a beaucoup d’ambition. Mais, ce ne sera pas la bonne fois. 2007 était la bonne occasion.  Depuis le premier tour de la présidentielle, François Bayrou a commis des erreurs qui vont continuer à lui coûter cher.  Quand il a annoncé qu’il ne voterait pas pour Nicolas Sarkozy, il a dérouté bon nombre de ses électeurs et il a offert un prétexte en or pour le départ des Députés. L’été a été catastrophique : Seignosse fut un rendez-vous raté et impréparé. A défaut d’avoir été un grand rassemblement de démocrates venant d’horizon variés, ce ne fut qu’un minuscule quarteron de personnalités. D’ailleurs, la greffe entre les Verts, les UDF, les Modem, les Cap 21 ne prend pas…

Le perpétuel match Nouveau-Centre vs. Modem :
Le Nouveau-Centre a certes des élus, mais ne représente rien idéologiquement a rappelé Virginie Le Guay. François Bayrou n’a pas d’élus. C’est donc compliqué. Il ne possède pas d’espaces larges dans les lieux d’expression politique. C’est donc le silence qui s’est installé.
Quitterie Delmas souligne que des relations personnelles et affectives sont en jeu dans cet affrontement Nouveau-Centre / Mouvement Démocrate. Il ne faut donc pas juger. Ceux qui sont parti ont fait un choix. Mais il y a une chose à retenir de cela : certains ont été blessé d’apprendre par voix de presse la décision de Bayrou de ne pas voter pour Sarkozy. Il faudra juger à plus long terme. Trois mois ont passé depuis l’été : c’est beaucoup trop court pour se prononcer sur l’avenir du Mouvement Démocrate. François Bayrou a rassemblé beaucoup de Français sur un message novateur. Il a prôné le renouvellement en politique. Beaucoup sont venus grâce à ce message. Et ils attendent beaucoup de la construction concrète du Mouvement. D’ailleurs, ce ne sont pas des militants. Ils sont bien plus que cela. Ce sont des citoyens avant tout, qui ont une expérience unique, originale dans la société.
Pour Virginie Le Guay, les militants sont intègres et très dévoués. Mais le grand problème c’est que Monsieur Bayrou ne s’intéresse pas aux militants mais ce n’est que son destin personnel qui l’anime. A la différence de Sarkozy, il n’a pas ce sens du collectif, du réseau, des relations. Le grand danger, c’est que depuis Seignosse, les militants sont impatients. Cette patience aura un jour un terme…
Quitterie tente de relativiser : François Bayrou est toujours prêt à rencontrer les militants. Le café démocrate en est une preuve. Les choses changent. Il a fait appel aux militants pour qu’ils lui soumettent des projets. Il a rappelé que son bureau est toujours ouvert.

Les pratiques politiques et Internet :
Pour Quitterie Delmas, même à l’UMP les militants sur un blog anonyme condamnent les parachutages ministériels pour les municipales. Au Modem, les statuts sont amendables par tous. François Bayrou veut que nous les écrivions ensembles. Il aime la culture internet. Chacun de nous doit faire valoir ses opinions dans ce grand chantier DE MANIERE CONSTRUCTIVE. Aucun autre parti n’a fait écrire ses statuts à ses militants.  En revanche, pour les investitures, les anciennes pratiques ne sont plus tenable. Investir 41 personnes à partir d’une commission opaque n’a plus aucun sens. Le temps des primaires est venu : Delanoë et Panafieu ont aussi joué le jeu.

  

Le projet : comment se faire entendre ?
Il y a un espace politique a prendre rappelle Virginie Le Guay. Sarkozy reste très marqué à droite, et la gauche n’a pas de véritable stratégie. Mais pour réussir à capter toutes ces frustrations, François Bayrou doit opérer sa propre mutation, il doit travailler sur le fond, produire des argumentaires précis. Sans cela, il n’existera plus.
Pour Quitterie Delmas, François Bayrou est redevenu lui-même au moment de la création du Nouveau-Centre. Sans être pessimiste, il faut garder les yeux ouverts et rester lucides : chacun a ses forces et ses faiblesses. Durant la campagne, il a extraordinairement bien travaillé. Il est allé au contact des gens. Il y a eu une véritable rencontre entre  un politique et un peuple. Sa candidature à Pau va lui permettre de renouer avec cette ambiance du terrain. Le Mouvement Démocrate doit présenter de nouvelles figures. Il nous faut des voltigeurs !

  

Centristes ou Démocrates ?
Virginie Le Guay rappelle que Bayrou possède un immense talent politique. Il cultive une culture humaniste profonde, et incarne la véritable tradition centriste.
Quitterie Delmas exprime son désaccord. Ce qui fait notre force, c’est nous en tant que démocrates. Le centre n’existe pas. Ce n’est rien, et trop rattaché idéologiquement à l’idée de non-choix, de mou.
Pourquoi ne pas avancer avec la Majorité ?
Quitterie défend qu’elle n’est pas là pour être au garde à vous devant une majorité. Elle ne se bat pas pour un siège à l’Assemblée, mais pour des idées. Elle souhaite que Cavada reste au sein de la famille Modem.
Militants :
Virginie Le Guay s’interroge sur le nombre réel d’adhérent au Mouvement Démocrate. Elle attend avec impatience des chiffres réels.
Quitterie s’interroge : si l’on demande aux militants de se prononcer sur les alliances à faire au premier tour, il faudra aussi le faire pour le second tour.
En conclusion : Virginie Le Guay félicite chaleureusement Quitterie pour ses convictions et son engagement.         Merci à tous ceux qui sont venus. Merci à Quitterie et à Virginie Le Guay.   J'ai vraiment apprécié que cette conférence-débat n'ai pas été une séance de langue de bois. Les propos sont parfois durs. Mais la critique est constructive.     Il faut souligner que c'est cela qui fait la force des démocrates : Ni l'UMP, ni le PS n'aurait proposé une conférence si ouverte, et si libre dans les propos.     Le Modem, une alternative crédible ? Jamais on aurait vu : Sarkozy : la fin de l'état de grâce, dans une conférence de l'UMP.