L’amour selon Carson McCullers. Le thème de l’amour...

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L’amour selon Carson McCullers.

Le thème de l’amour est au coeur de l’oeuvre de Carson McCullers, et de sa vie, qui souvent se confondent. Celle qui a épousé Reeves McCullers parce qu’il l’avait embrassée, qui a ensuite divorcé et qui s’est ensuite remariée avec le même, n’a eu de cesse de s’interroger sur l’amour et la difficulté d’aimer, la difficulté de ne pas trop en souffrir.

Dans une nouvelle de 1942, publiée ensuite dans le recueil La Ballade du Café Triste, on trouve une nouvelle au joli titre : Une pierre, un arbre, un nuage. C’est une nouvelle extraordinaire : très courte et pourtant extrêmement puissante, écrite alors qu’elle n’a que vingt-cinq ans. Il s’y produit une rencontre étonnante, celle d’un jeune garçon de douze ans et d’un vagabond porté sur la bouteille, dans un de ces tramway-bars de banlieues ouvrières, tôt le matin. Ce dernier, expose au jeune garçon sa “science” de l’amour, acquise difficilement après un chagrin d’amour et de nombreuses années d’errance :

“Sais-tu comment l’amour devrait débuter ?”

Le garçon était attentif, tout petit sur son tabouret. Il remua doucement la tête. Le vieil homme se pencha et murmura :

“Un arbre, une pierre, un nuage.”

Il lui explique ensuite qu’aimer s’apprend et qu’il faut commencer par s’entraîner avec des petites choses (un poisson rouge, un oiseau, un passant…) pour être prêt pour le stade ultime : tomber amoureux.

Le jeune garçon, une fois laissé seul par le sage, décontenancé par une telle leçon et apeuré de déplaire au patron hostile du bar, conclut prudemment : “En tous cas, il a beaucoup voyagé.” Géniale fin qui montre la connaissance de l’auteure pour les adolescents et leur pudeur, et qui suggère dans le même temps la difficulté de saisir un brin de sagesse. Peut-être celle-ci doit aussi s’acquérir par étape, en récoltant précieusement des bribes deci-delà, et en les laissant mûrir en soi…

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