Le jeu de la Mort sur France 2

Publié le 18 mars 2010 par Dominik89

Hier soir sur France 2, on a pu assister à un documentaire faisant étudiant le comportement des participants à un jeu dont le principe reprend l'expérience du docteur Milgram. Cela consiste à donner des impulsions électriques de plus en plus fortes à un candidat à chaque fois qu'il donne une mauvaise réponse à une question. Les décharges montent jusqu'à 480 volts, ce qui est potentiellement mortel. Bien sûr, tout est simulé et c'est un acteur qui fait semblant de souffrir en hurlant et en appelant à la fin de son supplice.
Pour tout dire, l'émission n'a pas bien marché. Seuls 3 millions de télespectateurs pour cette expérience mettant en exergue notre comportement pas toujours reluisant face au petit écran. Plus de 80 % des candidats sont allés juqu'à administrer la dose maximale à leur prétendue victime.
Si l'idée de base était intéressante, les conclusions données par le réalisateur me semblent tronquées voire fausses. Il en déduit que la télévision est une autorité à laquelle on ne résiste pas et va même jusqu'à parler de fascisme télévisuelle. Personnellement, je dirai plutôt que son expérience n'a pas été menée avec rigueur scientifique. Déjà, elle est partie avec un résultat qu'elle voulait obtenir. Du point de vue de la rigueur scientifique, c'est mauvais. Ensuite, ses conclusions extrapolent l'obéissance à une autorité (la télévision et son animateur) à l'obéissance à la télévision, ce qui est un poil exagéré.
Les candidats ont donc infligé une torture mortelle à un inconnu, mais pas parce que c'était la télé qui leur demandait, mais une autorité présente. Si votre patron vous donne un ordre illégal et qu'il n'est pas là, vous pouvez vous défiler. S'il est derrière votre dos, ça complique les choses. D'ailleurs dès que l'animatrice déserte le plateau, il n'y a plus que 25 % des candidats à poursuivre l'expérience malgré la pression du public.
En conclusion, on est sans doute passé à côté d'une vraie bonne émission et on l'a remplacé par un pseudo-documentaire ressemblant à de la télé-réalité avec tout ce qu'il y a de glauque et de malsain.
Les médias retiennent surtout la polémique entre Christophe Hondelatte, chargé d'animer le débat, et le patron de Philosophie Magazine. Quand on étudie ses travers, les médias préfèrent surfer sur l'écume des choses...
Dominik