« Mesdames, mesdemoiselles, messieurs », le mercredi 10 mars 2010, Yannick Stéphant a quitté la scène. Le festival de jazz de Souillac partage un hommage reconnaissant. Yannick Stéphant fit partie, en 1975, de la bande d’aventuriers qui lança autour de Sim Copans un événement culturel qui prit l’ampleur qu’on connaît.
Porté par la conviction inébranlable que le jazz est une musique populaire et qu’il doit être offert à tous, Yannick Stéphant prit la responsabilité de « l’animation » de Souillac en jazz. Ainsi, il parsema les rues de la ville de musiciens professionnels ou non ; certains devinrent ses amis, amitié qu’il partagea avec le festival. Son respect pour les musiciens était immense : il accordait une attention et une valeur personnelle à chaque musicien et s’il se lançait chaque année dans la quête de financements (tâche ô combien difficile), c’était pour assurer à tous une rémunération et un confort à la hauteur de leur travail et de leur talent. « Mesdames, mesdemoiselles, messieurs », Yannick Stéphant aimait monter sur scène et prononcer ces mots lentement, détachant chaque syllabe, faisant sonner sa parole, pour présenter la musique qui le passionnait. Car Yannick Stéphant était un amoureux des mots, mots lus et mots prononcés. Professeur de lettres, il avait appris la langue française et la littérature à force de travail et de passion. Ses discours, nous les entendons encore dans notre mémoire. C’était un homme de culture, il avait participé à la création du festival de théâtre Roger Vitrac, rencontré Pierre Betz. En tant que militant de l’éducation populaire, il avait eu à cœur d’organiser régulièrement au lycée Louis Vicat de Souillac des concerts pour les élèves, les accompagnant dans leur découverte du jazz. Mais plus que tout, Yannick Stéphant était amoureux du jazz, nourri des chroniques radiophoniques de Sim Copans, de lectures, de rencontres ; il aimait le jazz symbole de la révolte des Noirs américains, il aimait le Gospel des communautés afro-américaines, il aimait le jazz festif des rues de La Nouvelle Orléans, il aimait le jazz d’aujourd’hui, le choc des rencontres culturelles, la recherche de musiques neuves. Pour que cette musique explose au grand jour dans sa ville, il s’était engagé totalement dans le festival de Souillac. Dans un hommage à Sim Copans, qu’il prononça à deux voix avec Robert Peyrillou, toute sa personnalité s’y trouvait résumée : « …pour avoir quitté le sol de ta patrie,…, contribuant à la lutte contre la bête immonde – pour m’avoir révélé Scott Fitzgearald, Ernest Hemingway – pour ton goût contagieux de toutes les cultures et ta haine du racisme – pour ton humanisme profond, ton humanité ouverte … thank you Sim. » Dix ans après Sim Copans, il part.
L’association pour le festival de jazz « Sim Copans » de Souillac