Pietro de Paoli: une saine lecture très "synthol"

Par Tellou
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18 mars 2010

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Aujourd’hui, une fois n’est pas coutume, j’aimerai vous présenter une lecture agréable, utile et très «syntholesque » puisque pour reprendre leur slogan, ce livre fait du bien là où ça fait mal. « Lettres à un jeune prêtre » de Pietro de Paoli.

Pour ceux qui ne connaissent pas encore Pietro de Paoli, disons que sous ce nom d’emprunt se cache un auteur prolifique qui a le mérite, dans le landernau des livres cathos, de proposer des opus pas barbants. La plume est légère et efficace. Du même coup, le landernau s’ouvre…. Pietro nous a surtout fait découvrir Marc, 38 ans, célibataire et curé de campagne. Un livre qui décape. Pietro de Paoli a le don de mettre les pieds dans le plat de la culture religieuse chrétienne. Je dis bien « religieuse », parce que justement, le mérite de Pietro, via Marc, est de transcender les aspects religieux, qui relèvent de nos constructions humaines pour nous parler de l’essentiel de notre foi : Dieu, l’amour qu’il nous porte et l’Eglise. Dans un autre opus, l’on retrouvera Marc, évêque cette fois-ci, et qui partage avec nous ses désillusions, ses coups de gueule, ses coups de cœur, mais surtout son indéfectible foi en Dieu et en l’homme. Pietro nous remue parce qu’il dépoussière nos certitudes, nos pratiques pour nous tourner vers l’essentiel : « et toi que fais-tu pour vivre en homme de Dieu » ?

Dans son dernier livre, « lettres à un jeune prêtre », Marc, toujours évêque correspond avec un jeune prêtre, vous savez, de ceux qui veulent redorer le blason de la prêtrise, être vus, reconnus, ceux que l’on qualifierait de « tradis ». Amis du col romain, de la soutane bonjour ! Or, tout le mérite du livre est là, je trouve : ne jamais rester enfermé dans des schémas « progressistes versus tradis ». Au contraire, Pietro de Paoli nous entraîne vers une vision de la pratique religieuse peut-être plus conforme à notre foi. Et l’on revient toujours au même point : comment dire notre foi (Dieu vous aime, de manière inconditionnelle) quand parfois, l’on s’empêtre dans institutions qui ne reflètent pas vraiment cette foi, une institution plus prompte à condamner qu’à pardonner, une institution qui parait bien souvent déconnectée des personnes. Ce livre nous appelle à revoir le rôle du prêtre aujourd’hui (A quoi sert-il ?), mais aussi notre rôle à tous en tant que baptisés. Le prêtre en tant que directeur de conscience n’est plus et ça serait un tort que de s’enfermer dans ce rôle. Il n’est pas là pour valider nos actions chrétiennes (a bien fait sa communion, s’est bien confessé, a bien assisté à la messe le dimanche..) mais bien là pour nous accompagner dans notre rencontre avec Dieu. Et contrairement à ce que l’on peut penser, il n’est pas seul puisque c’est là que le mot « Eglise » prend son sens : nous sommes tous des baptisés et nous avons tous à prendre nos responsabilités quant à faire de cette Eglise un monde vivant, qui témoigne vraiment de ce qui nous anime, et non un monde d’allumés poussiéreux qui n’apportent rien à part jugements moraux.

J’imagine que de tels livres font grincer quelques dents. Pour moi, ces livres devraient être remboursés par la sécurité sociale tellement ils font du bien. Ils devraient être distribués à tous ceux qui ont laissé tomber la pratique religieuse (et franchement, je les comprends) parce que justement on en revient à l’essentiel. Ces livres créent des ponts entre les différentes « tendances » de l’Eglise, ses courants, mais aussi entre les pratiquants et les désabusés, entre les croyants et les athées. Pour finir, ce que j’aime par-dessus tout dans ces livres, c’est que je n’y lis jamais « j’ai raison, ce que je dis est la Vérité vraie », mais j’y lis que tous, avec nos doutes et ce que nous sommes, nos maladresses et nos vies débordées, nous avons la responsabilité de porter sur nous le visage d’une personne aimée par Dieu et de dire que tous, nous sommes aimés de Dieu.