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Deux rouges-gorges perchés l’un sur un pêcher bourgeonnant, l’autre sur le manche jaune de la bêche me regardent passer le motoculteur. Je laboure un rectangle de quinze mètres sur dix, dans le sens de la longueur puis de la largeur. L’engin progresse lentement. Ses vibrations saccadées secouent gentiment le paysan du dimanche. Prudents, les rouges-gorges attendent que je sois au bout du rectangle ou le dos tourné pour s’emparer de vers de terre. Pause. Je cueille les barraganes qui ont poussé au petit bonheur la chance. De frêles poireaux sauvages que l’on appréciera le soir-même, cuits, tièdes à la vinaigrette, accompagnés d’œufs durs, des œufs chapardés le matin aux poules plus oublieuses que distraites.