Sa parole était attendue par les gays et lesbiennes, par le mouvement gay chrétien David & Jonathan, et par Stéphane Lavignotte, pasteur de La Maison Verte, Fraternité de la Mission Populaire Évangélique qui avaient réclamé que Monseigneur André Vingt-Trois, cardinal archevêque de Paris s'exprime sur les violences perpétrées par des extrémistes catholiques néo-nazis le 14 février 2010 sur le parvis de sa cathédrale lors d’un Kiss-in informel.
Il ne s’agit pas d’un communiqué de l’Église mais une simple réponse à une question.
Aurait-il condamné ces violences, si la journaliste ne l’avait pas interrogée? On peut en douter.
Il a déclaré, nuançant ainsi la gravité des actes commis "Donc c'est tout à fait surprenant que, alors que la manifestation s'est déroulée tout à fait bien sur la place Saint Michel, on en retrouve un morceau sur le parvis de la cathédrale".
C’était sous-entendre à demi-mots que les gays et lesbiennes ont cherché la violence à leur encontre.
Vingt-Trois a condamné les actes perpétrés, comme aussi ce qu'il nomme "la pratique homosexuelle".
Il a dit "On peut avoir des appréciations et des jugements différents sur l'homosexualité, et sur la pratique homosexuelle, mais on ne peut jamais transformer un jugement moral, sur le sens d'une conduite humaine, en accusations sur des individus".
Il a poursuivi "Qu'on soit convaincu que la pratique homosexuelle n'est pas conforme à ce qui est bon pour l'Homme, c'est une liberté démocratique tout à fait légitime. Ça n'autorise pas à stigmatiser des personnes dont on ne connait pas la responsabilité et la liberté personnelle dans cette situation".
Monseigneur André Vingt-Trois gêné tout de même d’avoir à condamner ceux qui s’opposent à la réalité homosexuelle que son Église condamne, ne se borne pas à condamner les violences homophobes, mais revient également sur la position de l'Église qui fait une différence hypocrite et absurde entre "homosexualité" et "pratiques homosexuelles".
Ce prélat connu pour son homophobie poursuit en disant que concernant ces "individus", "tout ce qui relève de propos, de gestes, d'invectives homophobes à destination de personnes est tout à fait scandaleux, ça ne doit pas avoir lieu" mais "Ce qui ne veut pas dire que l'on approuve l'homosexualité, c'est une autre question".
Il y a toujours un mais.
Monseigneur Vingt-Trois aurait pu se baser sur la loi de la République française pour dénoncer les violences physiques et verbales des extrémistes catholiques, mais de façon très diplomatique, il a eu recours au droit canon, et aux Évangiles en déclarant "on sait que l'évangélisation ne passe pas par l'action des groupes armés" et ""Celui qui combattra par l'épée périra par l'épée. Remets ton épée au fourreau". Donc personnellement, je ne me sens pas représenté par des groupes de nervis qui vont proposer l'Évangile avec des battes de baseball"".
Voulant dégager sa responsabilité, il affirme "Non ce ne sont pas mes ouailles" tout en reconnaissant avoir "beaucoup d'ouailles qui peuvent être homophobes, ce n'est pas le problème, le problème c'est de savoir si je les encourage ou si je les cautionne dans leurs initiatives, en l'occurrence, je ne les cautionne pas dans leurs initiatives".
Et à ce titre, c'est bien aussi le problème de l'archevêque de Paris.
Encore une fois un prélat condamne des agissements qu’en fait son Église incite par son discours de stigmatisation et de rejet de l’amour homosexuel.
Cette Église est malgré ce que ses représentants peuvent dire, indirectement coupable de ces violences.
Seigneur pourquoi toujours l’hypocrisie?