« Paso Doble n°170 : L’élu qui murmurait à l’oreille des moutons | Home
Par Toréador | mars 18, 2010
A las cinco de la manana…
Même les pieds dans la merde, le coq de l’UMP continue à chanter. Alors que nous errons entre le premier et le second tour des régionales, que mes prédictions se sont révélées justes, et qu’on cherche – un peu inutilement à mon sens – à donner une signification à un mouvement (l’abstention) qui n’en a pas, dont la première caractéristique est d’être un amas de réactions individuelles dépourvues de sens autre que celui du rejet ou de l’indifférence, je crois bon de me pencher sur ce qui explique la glissade sarkozyste.
Ce que l’électorat de droit « traditionnel » a sanctionné dimanche dernier, ce n’est pas la réforme de la taxe professionnelle, le bling-bling ou la position du gouvernement sur les retraites. Si elle a rejeté Sarkozy, c’est parce que lui-même a commis trois reniements par rapport à ses engagements passés, et ce bien avant que le coq eut chanté trois fois.
- Le premier, le plus évident, est la recherche de l’unité dès le premier tour. Le Sarkozysme est devenu une solitude alors que son créateur s’était posé avant 2007 en défenseur et promoteur du débat d’idées au sein du parti. Cette stratégie castratrice a empêché le Nouveau Centre de créer un réservoir de voix à la gauche de l’UMP, et aux autres petits partis d’en faire de même. Moralité, lorsque l’hiver survint, la cigale se retrouva fort dépourvue. Le fort score de Debout la République en Ile de France – plus de 4% – devrait faire réfléchir Sarkozy, surtout dans l’hypothèse d’une candidature Villepin : il y a une droite qui veut autre chose que le produit préformaté de l’UMP. Il s’agit de toute la droite non-RPR et des ultra-gaullistes, c’est à dire ceux qui reprochent au RPR d’avoir investi l’UMP et ceux qui regrettent que l’UMP ait dénaturé le RPR;
- Le second est le rejet de l’ouverture. Cette stratégie philosophique que j’ai par le passé salué (cf. la nomination de Charasse et Migaud) démobilise totalement les militants et les électeurs. Ainsi, en Corse, l’opposant de Gauche est pressenti pour rentrer au gouvernement. Comment dès lors la tête de liste UMP peut-elle appeler les électeurs à voter pour lui ? On m’a raconté que les militants UMP envoient leurs cadre paître en leur disant d’aller faire coller les affiches par ceux d’en face, « puisqu’ils sont si compétents ». Nicolas Sarkozy a usé de son image d’homme de droite « fort » pour se permettre d’avoir une politique de débauchage qui fit office de supplétif à une posture gaullienne « au dessus des partis« . Sarkozy est « trans-partis ». Désormais, cet âge d’or est bien fini : Sarkozy a renié son credo et la base l’a lâché. Cette droite militante est plus sensible au réalisme de Copé qui lui rappelle le Sarkozy des grands jours.
- Le troisième paramètre est l‘épisode Epad qui a durablement décrédibilisé le Président de la République. Pour la Droite centriste de notable, assez conservatrice, ce manquement flagrant au bon goût et au sens des convenances a définitivement ruiné le crédit qu’elle pouvait avoir pour cet arriviste opportuniste. Sarkozy avait promis qu’il avait changé : il s’est renié. Du coup, « l’épadémie » fait des ravages : la Droite se cherche un prétendant plus convenable et ceci explique le crédit nouveau de François Fillon, le gendre idéal.
Ces trois maux ne sont pas mortels, mais enfermés dans son mausolée avec sa cour, Sarkozy a perdu le pouls de la Nation, et surtout de son électorat. L’ouverture est au Sarkozysme ce que la dissolution fut à Chirac : on voulait dissoudre l’Assemblée nationale, on a dissout la Droite. De manière plus inquiétante pour l’avenir du cher Leader, un fait objectif : ni Copé, ni Fillon, s’ils veulent être élus en 2017, n’ont objectivement intérêt à ce que Sarkozy fasse deux mandats.
Tags: diversité à droite, droite, EPAD, ouverture, Régionales 2010, sarkozySujets: Paso Doble | No Comments »