Source : blog "ça bouge"
Provenant à l'origine des radicaux écolo, le concept de décroissance a progressivement bousculé les verts et la gauche antiproductiviste, aiguisé la curiosité des socialistes et des communistes, pour finir par rentrer au coeur du symbole du libéralisme en 2006 au sein du MEDEF à l'occasion d'une cession de formation de ses cadres avec comme invité l'un des portes parole du projet : le politologue Paul Ariès.
Ce thème interpèle désormais le coeur du pouvoir économique, sensibilisé de gré ou de force au risque de raréfaction des ressources qui devront être gérées sur le long terme.
Souvent en proie à des caricatures bien accrochées comme autant de casseroles venant annoncer l'arrivée de la voiture balai : "parfaitement réactionnaire" ; "lubie de gosses de riches parfaitement égoïstes" ; "la décroissance c'est le chômage, c'est serrer la ceinture des pauvres déjà affamés, la carriole et le cheval.", ce combat idéologique est loin d'être gagné...
Pourtant si l'on y regarde de plus près, et qu'on y réfléchit 2 minutes, c'est peut être, dans cette grande incertitude qui se profile, où le rapport dominants/dominés tend à s'aggraver, et où les ressources risquent à manquer, le moment de comprendre un peu de quoi on parle.
Voici quelques définitions de la décroissance, histoire d'en faire la votre :
Martine Billard (ex verte) : "... la bataille ne se mènera pas seulement contre le capitalisme, il faut revenir à la critique de nos besoins avant de définir comment produire. La décroissance questionne notre rapport à la consommation, au mythe de l'accumulation matérielle comme source d'épanouïssement, à la croissance économique à tout prix."
Paul Ariès (politologue) : "C'est un mot-obus pour fissurer la forteresse économiciste, un poil à gratter idéologique auquel s'accolent des mots-chantiers : la coopération contre la concurrence ; la gratuité contre la marchandisation ; la planification (NDRL "écologique") contre le libéralisme ; la relocalisation contre la mondialisaion ; le ralentissement contre le culte de la vitesse ; la sécurisation économique contre l'insécurisation du capitalisme."
Serge Latouche (professeur émérite d'économie à l'université Paris Sud) : "La décroissance est un projet politique, au sens fort du terme : celui de la construction, au Nord comme au Sud, de sociétés conviviales autonomes et économes. Fondé sur une analyse réaliste de la situation, il n'est cependant pas immédiatement transposable en objectifs concrets."
Jean Claude Besson-Girard (directeur d'Entropia, revue d'étude théorique et politique de la décroissance) : "C'est un questionnement anthropologique profond sur les rapports que notre psyché individuelle et collective entretient avec la planète."