Gaming and Politics

Le jeu vidéo fait de la résistance
Jeu vidéo et politique. Gaming and Politics. Un sujet qu'il me brûlait d'aborder. Nous pourrons le faire sur plusieurs angles. Traitons d'abord de la résistance, de la révolte et de ses alentours. Les univers vidéoludiques se sont parfois nourris de l'histoire réelle, humaine. Les dictateurs, les tyrans, l'oppression, les injustices sociales ont été inégalement les toiles de fond de nombreux jeux. Nous n'allons pas proposer une liste exhaustive des titres en rapport au thème, mais proposons une promenade vidéoludique, ayant en tête cette idée que le jeu vidéo, loin d'être une activité idiote, a parfois traité du sujet délicat de la résistance au pouvoir.
Première réflexion : on reproche souvent au jeu vidéo d'être une évasion infantile du réel. Le joueur fuirait la réalité, et les responsabilités qu'implique la vie d'adulte (la "vraie vie"). Pour quoi ? Vivre dans un monde idyllique, des contes de fées, le fameux portrait du joueur de jeu de rôles (il existe une littérature et un cinéma autour des adeptes de Dungeon & Dragon). On reproche pourtant au jeu vidéo d'être violent et immoral. Et on n'a pas attendu GTA pour dénoncer les fresques barbares du FPS par exemple (le jeu de tir vu à la première personne). Dans ces deux dénonciations, on reproche au joueur d'être asocial. Le joueur ne s'occuperait pas de la Cité, de sa vie d'adulte citoyen. Ce serait presque trop compliqué pour lui. Et pourtant, il y a bien dans certains jeux, peut-être un genre pas si éloigné de certaines considérations politiques...

Dans Prince of Persia, jeu sorti sur PC en 1989 (j'y jouais sur Mac, à 9 ans donc), on vivait les aventures d'un jeune Perse à qui un Vizir jaloux rendait la vie impossible. Enfermé dans les prisons du Palais, le héros s'évadait, déjouant de son ennemi les pièges les plus sadiques, pour sauver la femme qui l'aimât. Ici, fable populaire, récit à la Aladin. Toutefois, c'est bien en toile de fond une histoire d'arbitraire politique qui accompagne ce jeu de plateforme. Voir le site officiel sur http://prince-of-persia.fr.ubi.com/.

En 2001, Red Faction levait le poing de la révolte sur PlayStation 2. Le joueur mène tout simplement les mineurs de Mars, exploités plus que le minerai, à prendre les armes contre la société Ultor. Scénario qui légitime ce FPS qui s'est démarqué par son moteur physique et les possibilités de détruire une partie du décor. Voir le site officiel sur http://www.redfaction.com/.
Il y aura bien des jeux pour nous proposer d'être le gentil, le héros pur et simple, le gardien de l'ordre. Il y aura toujours des gens pour rêver d'être Superman. Il y a bien, également, un certain Tropico (site officiel : http://www.tropico3.com) pour incarner, au second degré bien sûr, un dictateur sur une île tropicale. Il ne faut pas perdre de vue que le jeu est multiple et qu'on ne propose pas aux joueurs de faire toujours la même chose.

Fin 2009, The Saboteur propose de se mettre dans la peau d'un résistant, un peu malgré lui, à Paris. Image assez particulière de cette période, mais qui a le mérite d'exister. Malheureusement, il n'assume pas ses choix initiaux en oubliant la proximité de l'histoire : la collaboration des Français, Vichy... et préférant créer une sorte de ville parallèle (Paris qui ne ressemble pas à Paris) avec des symboles factices (des croix gammées remplacées par des conneries). Voir le site officiel sur http://www.saboteurthegame.com.

Lié à la culture geek, le thème du pouvoir oppressif, de Big Brother, a connu ses heures de gloire dans certaines productions cultes comme Beneath a Steel Sky. On est en 1994, sur PC et Amiga. Le genre : aventure, point and click. A noter que le jeu est disponible, remasterisé, sur l'iPhone d'Apple. Le héros, en quête de vérité sur lui et sur la destruction de son village, découvre Union City, ville fascisée, où il rencontrera surtout des policiers, des patrons autoritaires, des richards, des ouvriers, même des petits chefs, et quelques geeks résistants. La palme savoureuse revient au mot de la fin Be Vigilant !
Les passerelles à faire sont multiples autant que faciles avec le cinéma. On retient généralement de The Matrix le look "imperméable noir-lunettes de soleil", mais il y aurait un peu plus à dire, et les références avec le jeu vidéo sont possibles. Songeons à Wargames (sur Wikipedia), en 1983, et son jeune héros, hacker averti, qui passe son temps au jeu d'arcade. Qu'est-ce qu'un hacker sinon quelqu'un qui comprend comment le système fonctionne ? Autre sujet.

On peut évoquer Half Life (site officiel : http://orange.half-life2.com), un FPS dans lequel on incarne un scientifique survivant à de terribles misères sub-cosmiques. Au menu, parmi les nombreux ingrédients du scénario : complot gouvernemental et militaire. Le héros doit buter pas mal de soldats pour s'en sortir. Attention, nous parlons ici d'un monument du jeu vidéo.
N'hésitez pas à proposer des modifications. Je suis loin d'être une mémoire vivante du jeu vidéo. Les corrections et augmentations se feront sur ce billet. Le prochain explorera d'autres aspects du même thème. Merci d'avoir lu, j'espère que vous trouverez quelques trucs intéressants.