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Jutra 2010: discussion virtuelle (4e partie)

Par Cqc

À chaque année, des mises en nominations à la soirée des films primés, les Jutra déclenchent les passions sur leurs choix, leurs gagnants et même sur la raison d'être d'une telle cérémonie.
Pour justement élaborer davantage sur les différents aspects de cette soirée qui se tiendra prochainement, Kevin Laforest de l'hebdomadaire Voir a eu la bonne idée de démarrer un échange avec ces mots "D'ici la prochaine Soirée des Jutra, qui aura lieu le 28 mars, une série de billets s'intéressant à différents aspects de la remise de prix du cinéma québécois sera publiée ici et sur d'autres blogues et sites spécialisés. Une discussion virtuelle entre critiques, si vous voulez."
La 1ere partie se trouve sur le blogue de Kevin Laforest, il y a eu ensuite la 2e partie sur le blogue de Martin Gignac, et juste avant de se retrouver ici la 3e partie de la discussion a eu lieu sur le blogue de Charles-Henri Ramond.
Voici maintenant la 4e question, que j'ai posé et les réponses des relayeurs précédents et celles aussi d'Helen Faradji et Karl Filion:
Pour faire suite à notre discussion, un moyen de satisfaire tout le monde serait peut-être de créer de nouvelles catégories. Je pense en autres aux César qui soulignent les nouveaux talents avec les catégories "meilleur espoir masculin" (afin de ne pas oublier les Antoine Lécuyer), "meilleur espoir féminin" et "meilleur premier film" (afin de souligner lesTout est parfait). Pensez-vous qu'il s'agit d'une solution valable et qu'elle(s) catégorie(s) seriez-vous prêts à ajouter aux Jutra?



Voici là une des suggestions les plus constructives que j'aie entendues jusqu'à maintenant. Les prix "meilleur espoir" seraient très utiles au Québec, les films sur l'enfance, l'adolescence et/ou la famille étant nombreux chaque année. Et une catégorie "meilleur premier film" permettrait de donner de la visibilité à certaines productions plus marginales. Cette année par exemple, on aurait pu reconnaîtreDemainde Maxime Giroux et Nuages sur la villede Simon Galiero, en plus d'y inclure les inévitables J'ai tué ma mèreetLe jour avant le lendemain.


Kevin Laforest - Voir


Je suis moi aussi très enthousiasmée par cette idée, surtout par celle du meilleur premier film. Les acteurs/rices me semblent moins malmenés dans la grande course aux récompenses que les films. Je me trompe peut-être mais j'ai le sentiment que la roue tourne plus souvent pour eux.

Ceci étant dit, un prix du meilleur premier film serait plus que bienvenu: non seulement pour encourager les nouveaux talents, leur reconnaître d'emblée une place parmi leurs pairs (surtout à l'heure où on nous rabache les oreilles avec la supposée Nouvelle Vague québécoise, mais que celle-ci n'existe finalement qu'hors des frontières québécoises), bref, les faire exister. Encore faudrait-il par contre que le processus de désignation des finalistes leur permette là aussi de se faire une place. Éternel problème...

Helen Faradji - revue24images.com



J’aurais bien voulu m’opposer férocement à vos opinions (par principe), mais franchement, j’en suis incapable!

 
Vraiment une excellente suggestion, même si je crois qu’une catégorie meilleur espoir mixte serait souhaitable (vu qu’il n’y a quand même pas 20 candidats sérieux par année). Meilleur premier film, c’est une idée extraordinaire, je me demande pourquoi ce n’est pas encore fait! Voilà qui permettrait de souligner les efforts des nouveaux réalisateurs sans empiéter sur les vétérans, dont les films sont de plus en plus souvent négligés face au « film à la mode ».

 

Est-ce qu’il y a encore le prix du film québécois s’étant le plus illustré à l’étranger? C’était un prix intéressant, même si on a toujours le même problème : succès populaire ou succès critique...


Karl Filion - Cinoche.com

C'est sûr Daniel que l'on pourrait rajouter ces trois catégories, comme cela se fait en France. Cela permettrait effectivement de rallonger la cérémonie de 30 minutes, de faire plaisir à plus de monde et les "jeunes" auraient leurs propres prix. Mais je ne pense pas que les jeunes aient été si oubliés que cela dans les Jutra. Lafleur, Bélanger, Villeneuve, Turpin, Trogi, Vallée, Falardeau. Ils ont eu droit aux honneurs alors qu'ils étaient à leur premier ou deuxième film... En fait ce que j'ai peur c'est qu'en multipliant les catégories, on multiplie un peu les exclusions... tout en essayant de faire l'inverse. Pourquoi pas meilleur premier scénario ou meilleur film indépendant ? 
En plus, je ne suis pas sûr de la définition du mot espoir (est-on espoir si on a 40 ans alors que c'est notre premier film ?). Bref, pour l'ajout de nouvelles catégories, je reste assez dubitatif sur l'effet réel que cela pourrait avoir. Je ne crois pas que le problème de pertinence de ces cérémonies viennent du manque de catégories, mais bien d'un manque de courage et d'ouverture d'esprit de la part des votants (qui sont avant tout des spectateurs et donc qui aiment ou détestent ce que les spectateurs aiment ou détestent). La facilité aura toujours une fâcheuse tendance à prendre le pas sur l'audace.  En résumé : je suis plus en faveur d'une inclusion de tous les âges dans une seule et même compétition (partant du principe que j'accepte l'idée de compétition, ce qui n'est pas si sûr).  Charles-Henri Ramond - Films du Québec

Il s'agit d'une question intéressante, qui agit comme une rose séduisante. C'est normal de vouloir récompenser le plus de monde possible, surtout les personnes qui sont souvent dans l'ombre, dont les films sortent sur moins d'écrans que les gros titres à succès. En revanche, je pense que les épines apparaîtront rapidement et que ça ne ferait que diluer les Jutra. Si on sépare les premiers films et les espoirs du reste, cela ne peut que créer une distinction, ce qui n'est pas profitable à l'art. Les gens en général veulent savoir ce qu'est « le meilleur film de l'année», pas le meilleur film et le meilleur premier film. Une confusion inutile, comme si tous les titres devraient être récompensés. À force de faire plaisir à tous, on ne fait plaisir à personne. Et établir une nouvelle catégorie pour les premières oeuvres qui sont souvent autant sinon plus intéressantes que des longs métrages de cinéastes réputés, c'est un peu péjoratif. Cela empêche une reconnaissance pleine et entière d'une oeuvre.
 
Encore là, créer de nouvelles catégories ne ferait que déplacer le problème. On parle du manque de choix, du manque d'audace des gens qui votent, mais il faudrait également aborder la vraie vocation des Jutra, qui est prisonnier entre son désir d'être légitime (donc de valoriser des titres sérieux) et sa peur de passer pour des snobs en ignorant les titres populaires. Pour paraphraser Coluche, je dirais que le cinéma québécois vit de ses comédies et récompense ses drames.
 
Martin Gignac - Requiem pour un film


La discussion se poursuivra bientôt. J'ajouterai les liens pour que vous puissiez suivre le reste de nos échanges.


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