L’ancien président Jacques Chirac est interrogé par la juge d’instruction Xavière Simeoni dans une enquête pour “détournement de fonds publics” visant des emplois présumés fictifs à son cabinet quand il était maire de Paris, entre 1977 et 1995.
L’ancien chef de l’Etat, arrivé vers 08h30 au pôle financier du tribunal de Paris avec deux avocats, dont Me Jean Veil, pourrait soit sortir de l’audition avec le statut de témoin assisté, soit être mis en examen.
Le cabinet de l’ancien locataire de l’Elysée a confirmé sa présence dans le bureau de la juge Xavière Simeoni mais n’a souhaité faire aucun commentaire.
C’est la deuxième audition de l’ancien chef de l’Etat, après celle de juillet dernier menée à son bureau parisien par le juge Alain Philibeaux de Nanterre (Hauts-de-Seine), dans un autre dossier d’emplois fictifs lié à sa gestion de la mairie de Paris. Dans cette première affaire, il a pour l’instant le statut de témoin assisté.
Le chef de l’Etat a perdu en juin dernier, un mois après son départ de l’Elysée, l’immunité pénale dont il a bénéficié pendant ses douze ans de mandat à l’Elysée et pendant laquelle les instructions ont continué d’être conduites sur sa gestion de la mairie de la capitale.
Le dossier de la juge Simeoni concerne une quarantaine d’emplois suspects accordés à des personnalités de la droite ou à certains de leurs proches dans les cabinets de Jacques Chirac (1977-1995) et Jean Tiberi (1995-2001), sans que les salaires versés donnent lieu à une contrepartie pour la Ville de Paris.
Les quatre directeurs de cabinet de Jacques Chirac à l’Hôtel de Ville de 1983 à 1995, Robert Pandraud, Daniel Naftalski, Michel Roussin et Rémy Chardon, sont déjà mis en examen pour “détournements de fonds publics”, ainsi que Bernard Bled, qui fut celui de Jean Tiberi, maire de 1995 à 2001.
Alain Juppé, ancien adjoint aux Finances de Jacques Chirac à la mairie, a été entendu comme témoin par la police dans ce dossier le 15 mai. Les enquêteurs ont aussi mené des investigations sur Claude Chirac, fille du président, qui était payée par une société privée alors qu’elle conseillait son père à la mairie.
ELEMENTS PERSONNELS SUR CHIRAC
Certains éléments du dossier mettent personnellement en cause l’ancien maire. Parmi les salaires litigieux, figurent en effet celui du chauffeur d’un ancien préfet de Paris, dont l’ordre d’embauche a été signé par Jacques Chirac, et ceux de plusieurs autres personnes qui auraient été en fait au service du député Chirac en Corrèze.
Sont aussi poursuivis comme bénéficiaires présumés d’emplois fictifs plusieurs de ses proches amis politiques, l’ancien député UMP sortant de Paris Jean de Gaulle, petit-fils du général, un frère du président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré, François Debré.
Sont aussi mis en examen l’ancien secrétaire général du syndicat Force ouvrière Marc Blondel - car le salaire de son chauffeur était payé par la Ville - ou encore Michèle de Charette, épouse de l’ex-ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, Hervé de Charette.
Certaines de ces personnes, comme le frère de Jean-Louis Debré, ont admis devant la police n’avoir jamais travaillé pour la Ville de Paris. Ce dossier ouvert en 1998 a été définitivement validé par la Cour de cassation en juin dernier.
La plus haute juridiction française a rejeté les dernières demandes d’annulation de cette enquête pour vice de procédure et pour prescription que soutenaient notamment le procureur général de Paris, Laurent Le Mesle, ancien conseiller de Jacques Chirac nommé à ce poste en septembre 2006.
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