Une chanson déchirante d’Abel Meerpool chantée par l’immense Billie Holiday : Strange Fruit.
Ce fut elle qui la chanta en premier, en 1939 à New-York, mais elle ne put l’interpréter en Alabama où elle fut chassée de la ville pour avoir essayé de l’entonner. Dénoncer les lynchages des noirs était sans doute un sujet trop brûlant pour cette zone des États-Unis…
Voici les paroles traduites :
Les arbres du Sud portent un fruit étrange
Du sang sur leurs feuilles et du sang sur leurs racines
Un corps noir se balance dans la brise du Sud
Un fruit étrange suspendu aux peupliers
Scène pastorale du vaillant Sud
Les yeux révulsés et la bouche déformée
Le parfum des magnolias doux et printanier
Puis l’odeur soudaine de la chair qui brûle
Voici un fruit que les corbeaux picorent
Que la pluie fait pousser, que le vent assèche
Que le soleil fait mûrir, que l’arbre fait tomber
Voici une bien étrange et amère récolte !
Thème repris dans un très beau et très sombre roman policier (évoquant par plusieurs aspects La Nuit du Chasseur) : Les Marécages, de Joe R. Lansdale.