Vas-y François c’est bon, les sondages sont bons bons bons. Selon un dernier sondage de BVA publié mardi mais réalisé avant le premier tour des régionales, François Fillon confirme sa bonne image dans l’opinion publique loin devant Nicolas Sarkozy. Respectivement le duo de l’exécutif bénéficie de 53% et 41% de bonnes opinions auprès des Français. La faute d’une répartition inédite des rôles dans laquelle le président de la république a endossé les habits de père fouettard pour laisser au chef de gouvernement la place plus gratifiante de l’artisan laborieux et brimé toujours prêt à offrir son épaule aux membres de la majorité déprimés ou désorientés.
N’attendez pas d’un François Fillon aux allures de Droopy qu’il vous dise qu’il est heureux. Derrière la lassitude affichée, le premier ministre n’en reste pas moins homme, habité d’une ambition à jouer autre chose que les intendants du pays, habilement entretenue par une poignée d’élus qui voit en lui, sinon une alternative séduisante, au moins un recours pour sauver les meubles en cas d’effondrement de Nicolas Sarkozy.
A lire Jean-François Kahn, au bling bling de son mentor, François Fillon opposerait le plan plan. Formule sympathique qui occulte le fait que finalement le premier ministre malgré le temps passé à Matignon reste pour les Français un grand inconnu.
Un handicap qui soudain peut devenir un atout. Doté d’une fausse virginité, François Fillon est devenu malgré ses affirmation répétées de loyauté un concurrent potentiel de Nicolas Sarkozy. Le ver est dans le fruit. Et plus le Premier ministre affirmera que son intronisation médiatique dans le club des présidentiables équivaut à de “la science-fiction”, moins il sera cru.
Invité du journal de 20 heures de France 2, mardi 9 mars, il avait martelé : “J’ai été loyal au président de la République, je suis loyal au président de la République et je serai demain loyal au président de la République”. “Il y a un président de la République qui a été élu pour 5 ans, j’ai largement participé à l’élaboration de son projet, je le mets en oeuvre”.
Au-delà des deux premières affirmations on retiendra surtout sa revendication d’une paternité partagée sur le projet présidentiel. Une façon en rien inconsciente de se hausser au même niveau de celui qui n’a eu de cesse de le rabaisser.
L’émancipation de François Fillon est en cours. Il se sait désormais, du fait de sa côte de popularité, indétrônable de Matignon. Au pire, tout avis soudain d’expulsion l’érigerait au rang de martyre de la majorité et le propulserait de facto au rang de solution alternative officielle à Nicolas Sarkozy.
Le temps joue pour lui. La défaite des régionales ne lui sera pas imputée et sera assimilée à un rejet de l’hôte de l’Elysée. Pendant ce temps là, il pourra jouer l’ami, le confident parfois le psy des députés UMP. Celui qui les écoute et qui partage avec eux le constat que la Présidence et sa cour s’est coupée du terrain, de la vraie France. Celui aussi qui veille à leur cohésion.
Bonne fille, la république offre au Premier ministre dans le cadre des régionales une tournée promotionnelle exceptionnelle. Pas moins de douze meetings avant le premier tour et trois nouvelles dates dans la dernière ligne droite.
Autoproclamé chef de campagne au nez et à la barbe de Xavier Bertrand, François Fillon mardi à adressé un sévère rappel à l’ordre à l’égard des parlementaires qui expriment leurs doutes face à la stratégie présidentielle, les accusant de ne pas être “des caractères bien trempés”. “Entre les deux tours, nous sommes engagés ensemble dans un combat et tous ceux qui veulent par des critiques, qui sont des critiques inutiles, affaiblir la majorité commettent une faute contre cette majorité”, a prévenu M. Fillon.
Et voilà le flegmatique François Fillon amené à jouer le pompier d’un président pyromane. La balkanisation de l’UMP est en route et rien ne devrait pouvoir l’arrêter.
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