Le 17 mars 1938 naissait Rudolf NOUREEV, le Prince des Steppes, à bord du Transsibérien.
Pour toutes celles et tous ceux qui aimèrent passionnément cet OVNI, sans même le connaître, qui pleurèrent de bonheur en découvrant la beauté sauvage, la rigueur sublime et toutefois pleine de passion de ses entrechats et pirouettes, son talent de tragédien, puis, plus tard, le raffinement presque cruel du plaisir qu'il prit à la mise en scène, ce génie "baroque".
Bref, tout ce qui rendait Noureev, trait d'union magique et incarné entre l'Orient et l'Occident, aussi étincelant qu'insupportable parfois, et qui a fait de lui le plus grand danseur et amoureux de la danse de tous les temps, à ce jour inégalé, je dédie aujourd'hui la bande annonce de ce très beau film qu'est "L'attraction Céleste".
Mais aussi ces autres extraits d'une très belle interview riche de documents ( en anglais hélas, et je le regrette pour celles et ceux qui ne maitrisent pas cette langue, mais REGARDEZ quand même , il y a des extraits fabuleux) ...
"Roudolf Khametovitch Noureev (ou Noureïev ou Noureyev ; en russe : Рудольф Хаметович Нурeев (ou Нуриев) ; en tatar : Rudolf Xämät ulı Nuriev) est un danseur étoile né le 17 mars 1938 en Union soviétique pendant un voyage en train un peu avant Irkoutsk vers Vladivostok. Après avoir été danseur soliste au Kirov, il se fait naturaliser autrichien.
Il était doté d'une technique exemplaire.
Il fut l'un des meilleurs interprètes du répertoire classique, mais il affirma aussi son talent dans la danse contemporaine.
En 1963, il danse dans Marguerite et Armand avec Margot Fonteyn au Royal Opera House de Londres, puis dans Bach Suite en 1983. Également chorégraphe, il fut directeur de la danse à l'Opéra de Paris (1983-1989). Admirateur de l'école française et inconditionnel de Bournonville et de Petipa, luttant contre la mort, il remonte deux œuvres de ce dernier : Raymonda (1898) et La Bayadère (1877).
Ce fut aussi l'un des premiers danseurs qui s'intéressa de nouveau au répertoire baroque."
Il est décédé des suites de sa contamination par le VIH le 6 janvier 1993 près de Paris et est enterré au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne).
Noureev est décédé dans la nuit où j'atteignais mes 18 ans, et compte tenu de mon immense passion et admiration de toujours pour cet homme, pour son talent, pour son génie, de ce qu'il parvenait à me communiquer, cela m'avait encore plus affectée.
Je termine cet hommage à Noureev en rappelant cet extrait lu à son enterrement au cimetière russe de Sainte Geneviève des bois, texte aussi également sublime que l'était Noureev:
"MANFRED" (Extrait Acte 1, scène 2)
par Lord Byron
"Les esprits que j'ai évoqués m'abandonnent,
Les charmes que j'ai conjurés se jouent de moi,
Le remède que j'avais rêvé m'a torturé ;
Je n'ai plus recours à des aides surhumaines ;
Elles sont sans pouvoir sur le passé, et quant à
L'avenir, tant que le passé n'est pas enseveli dans la nuit,
Ma quête ne s'en occupe pas. Ma mère la Terre !
Et toi, jour qui viens de poindre, et vous, montagnes,
Pourquoi votre beauté ? je ne puis vous aimer.
Et toi, œil lumineux de l'univers,
Qui t'ouvres sur tous et pour tous
Es une joie, tu ne brilles pas sur mon cœur.
Et vous rochers, dont le rebord extrême
Est mon appui, perché au-dessus du rebord du torrent,
Je regarde les grands pins devenus des brins d'herbe
Par l'éloignement vertigineux ; quand un saut,
Un mouvement, un pas, un souffle même, jetterait
Ma poitrine sur le sein rocheux de son lit
Pour un repos éternel, pourquoi m'arrêter ?
Je sens l'élan mais je ne plonge pas ;
Je vois le danger, mais ne recule pas ;
Et mon esprit chancelle, mais mon pied est ferme :
Il est sur moi un pouvoir qui me retient
Et qui fait ma fatalité de vivre,
Si c'est une vie de porter en moi-même
Un esprit si stérile et d'être ainsi
Le tombeau de mon âme, car j'ai cessé
De me justifier à moi-même mes actes,
C'est la dernière infirmité du mal.(...)"