C'était hier soir à Val-de-Reuil, dans une ambiance de victoire annoncée et de plaisir à retrouver ensemble tous les partenaires de la gauche.
Voici l'essentiel de mon intervention.
Mes chers amis,
Ne sentez vous pas, autour de nous, flotter autour de nous, dans cette salle, comme un capiteux parfum ? Il flotte dans la salle comme un air de triomphe, comme une promesse de victoire pour la gauche.
Mais ce
capiteux parfum de victoire annoncée ne doit pas nous tourner la tête. Toute
vague connaît le ressac.
Il n'est pas exclu qu'au second tour la droite se ressaisisse. Il nous appartient de ne pas baisser la garde et de poursuivre l'effort jusqu'à dimanche, même si, franchement, l'hypothèse d'une magnifique victoire de la gauche est, de loin, la plus probable.
Il nous reste
quatre
jours pour tenir cette promesse et concrétiser l’espoir exprimé par les
198 000
électeurs qui ont voté pour Alain Le Vern dimanche dernier.
Et cette victoire à qui appartiendra-t-elle ? Cette victoire n’est pas celle d’un parti politique, elle est d’abord celle des présidents de Région, comme Alain Le Vern.
Un président qui a su s’entourer d’une équipe, riche de sa diversité, unie dans l’action capable de conserver le capital confiance dont les Normands l’avaient créditée en 2004 et en 1998.
Une équipe qui a fait au quotidien la preuve de son efficacité et entrainé l’adhésion des électeurs à son projet régional, ambitieux et réaliste.
Cette victoire vous appartient, à vous. Je sais que je ne parle pas ce soir devant des électeurs, mais devant des militants, qui ont battu le pavé, usé leurs semelles, donné du temps, de l'énergie, fait preuve de courage et de dévouement.
On dit qu'un mariage pluvieux est un mariage heureux.
Peut-être faudra-il ajouter au florilège de nos proverbes que campagne glacée est campagne gagnée. Car, nous pouvons dire que nous avons eu vraiment froid à boîter, coller les affiches, arpenter les marchés. Mais le résultat est là.
On ne va pas s'en plaindre, non ?
Car ce n'est pas une gifle ni même une claque, ni même un bourre pif c'est bien un doublé gauche-droite que Sarkozy encaisse, un double crochet au foie qui le met à la limite du KO.
Les
sarkozystes peuvent toujours prétendre qu'il ne rien passé de grave, dimanche.
Les sarkozystes peuvent toujours prétendre qu'une défaite régionale n'a qu'une portée locale.
Une défaite régionale, deux défaites régionales, voire trois défaites, ça va encore, mais vingt défaites encaissées, bonjour les dégâts, cela s’appelle une monumentale raclée pour la droite, un tremblement de terre politique.
Et c’est bien sous les pieds du président de la République que le sol se dérobe.
Car, j'attire votre attention sur ce point, mes amis, ce sont les deux piliers de sa réussite à l'élection présidentielle de 2007 qui viennent de s'effondrer dimanche.
La réussite présidentielle de Sarkozy était basée sur une stratégie qui a parfaitement fonctionné.
D'une
part constituer une large formation politique, l'UMP, associant tout le spectre
des sensibilités de la droite républicaine.
A cet égard l'électeur de droite n'est pas différent de l'électeur de gauche : ils font confiance à ceux qui sont capables de rassembler, ils préfèrent l'union à la division.
L’autre pilier de la stratégie sarkozyste, c’était comme on disait naguère, de plumer la volaille frontiste.
Rappelez
vous les scandaleux coups de gueule du candidat sur l’immigration et
l’insécurité.
Rappelez vous la parabole de «la racaille» et celle du Karcher.
Le Pen avait beau s’époumonner qu’il valait mieux l’original que la copie, Sarkozy à grands coups de menton et de déclarations ignobles a réussi à siphonner les voix du Front National.
Cette captation de voix n’a résisté ni à l’épreuve des faits ni au brouillage d’image d’un président instable, dont les discours, tantôt de droite, tantôt de gauche, dont la politique d’ouverture désoriente les électeurs de droite.
Résultat : dimanche, les électeurs du Front National sont rentrés au bercail, avec leurs frustrations intactes.
Non seulement l’UMP s’est dégonflée, privée de sa seule réserve, mais le siphonage des voix a fonctionné en sens inverse de 2007.
Et voilà notre président siphonné ! Et un président siphonné, ma foi, ça ne sait pas où aller.
Les gens n’en peuvent plus de ce président qui fait tant de mal à la France.
A gauche, le paysage aussi s’est profondément remodelé.
Le Parti socialiste, allié au PRG a doublé son pourcentage de voix depuis les européennes, retrouvant ainsi la place qui est la sienne sur l’échiquier politique. Mais cela ne s’est pas fait au détriment des ses alliés, qui aujourd’hui apportent au projet de la gauche leurs propres forces et leurs propres idées.
Comment dès lors prétendre que ces élections régionales n’auront pas d’impact sur l’avenir de la France ?
Il n'y a pas de fatalité en politique, puisque la politique se fonde sur la volonté et la capacité des hommes à maitriser leur destin collectif.
Il n'y a pas de fatalité dans le fait que la gauche perde trois fois l'élection présidentielle et les législatives consécutives après avoir tant raflé aux élections municipales, cantonales, régionales.
Il n'y a pas de fatalité à ce que François Mitterrand reste le seul président de gauche de la cinquième république.
Il n'y a pas de fatalité à ce que la gauche gère les affaires locales pendant que la droite dirige la politique nationale.
Dès dimanche mes amis, nous saurons ce qu'il nous reste à faire : travailler d'arrache-pied pour faire fructifier cette confiance que le peuple français accorde à nos présidents de région de gauche.
Faire que cette confiance se reporte sur leou la candidate qu’il faudra faire émerger de nos rangs, qui portera l’espoir de la gauche et les espérances de la France.
Pour peu que l'on considère que la diversité de la gauche est une richesse, pour peu qu'on les respecte, les radicaux de gauche sont prêts à joindre leurs pas à cette longue marche vers 2012.
Ce n'est pas gagné, loin de là. Mais si nous n'égarons pas le talisman de l'unité retrouvée, du rassemblement concrétisé, la gauche peut tout gagner.
C’est un vent d’espoir qui se lève, au parfum de victoire. Tous ensemble nous tiendrons cette promesse d’avenir.