Le mercredi, même des années plus tard, ça reste un jour qui n'est pas tout à fait comme les autres.
Il était précédé du mardi soir. Nous avions parfois le temps de regarder la télévision. Il y avait souvent des westerns. Le sommeil qui conduisait au mercredi était envahi d'apaches et de cowboys, de feu de camp et de collines, de cataclop de chevaux.
Les mercredis étaient chargés comme des baudets.
Le mieux y côtoyait le moins bien.
Mes mercredis d'enfant commençaient mal et se finissaient merveilleusement bien.
Les matins piquaient. Il y avait le sacro saint catéchisme. Il y avait la désensibilisation. On essayait de transformer l'aimable parole évangélique en cours de récréation et l'on s'amusait du curé qui s'agaçait de nos puérilités. Nous jouions aux billes pendant qu'il nous préparait à communier. Puis il fallait se rendre chez le docteur, où les deux seringues hebdomadaires m'attendaient. Posées sur une boite en métal. Mes épaules fléchissaient. L'odeur m'insupportait. Les mains froides du médecin me tétanisaient.
Chaque mercredi c'était peur.
Chaque mercredi c'était bonheur, ensuite. L'après-midi rattrapait tout et excusait tout. C'était sports. Avec un s. Deux s, même. On disait l'ASSU, à l'époque. C'est devenu l'UNSS. On y pratiquait le handball, on y faisait parfois des compétitions. De l'athlétisme, aussi. Ensuite, c'était foot dans le club de la ville du coin. Avec le père. Parfois se nichait la bibbliothèque, on ne disait pas médiathèque.
Le sport défoulait et expectorait ce qui avait été contenu, retenu.
Le sport me conduisait fourbu au couchant.
La douche nettoyait d'un coup ce mercredi et guidait vers le jeudi.
Ce jeudi qui, pour les générations d'avant, n'était pas tout à fait un jour comme les autres.