Le plaisir du spectateur est aussi lié au graphisme du dessin. Le film est une animation à partir de la bande dessinée du même auteur. Le dessin est expressif et varié. Il réinvestit des tableaux connus comme ceux de Folon, de Friedrich, de Picasso ou de Munch… Il y a dans ce film, en d’autres termes, ce qui en matière d’art s’appelle une réécriture, stimulante à observer pour tout esprit curieux (mais la curiosité n’est pas la meilleure qualité de nos élèves !)
Revisitons « le cri », « Guernica », « Voyageur contemplant une mer de nuages », et les
peintures de Folon ou les silhouettes dessinées par Peynet. A un moment du film, lorsque Marjane revient dans son quartier, une bombe a explosé. Vision d’horreur… Cette horreur débouche sur
la silhouette de la jeune fille qui pousse un cri d’angoisse, cri que le peintre Munch, dans le tableau du même nom, a parfaitement rendu dans sa
dimension quasi expressionniste. L’horreur est également présente dans la vision des massacres perpétrés par Saddam. Explicitement, l’image recompose les traits du célèbre tableau de Picasso
« Guernica » qui abandonne le figuratif pour y préférer le symbolisme.