Mon cher Xav, c'est dans la difficulté qu'on compte ses amis. Malgré tes efforts, tu files un mauvais coton. Il faut le dire, tu n'a jamais hésité à faire preuve d'abnégation. Cela est à mettre à ton crédit. Incliner le front et faire acte d'allégeance avant même qu'on ne te soumette à la question fait partie de ton bagage. Au fil du temps, cela est devenu le catéchisme de ta foi. Un jour tu as pensé que l'ombre du bonsaï suffisait à se protéger du soleil. Ton sourire affecté, limite niais, cache cependant des haines bien chevillées, comme la fois où tu t'es montré ignoble avec un confrère picard qui avait eu la mauvaise idée de te poser des mauvaises questions au mauvais endroit, dans le cadre d'un entretien télévisé. Comment un type aussi lisse et dévoué que toi en est arrivé là ?…
Ce n'est pas de cela que je voulais t'entretenir. Mon propos, tu t'en doutes un peu, est en relation avec le désastre électoral dont vous êtes les victimes, toi et tes amis politiques. Au moment où vous devez serrer les rangs, marcher main dans la main, que tu t'épuises vainement à esquiver ou à trouver la bonne parade, cherchant des solutions au-delà des insomnies, tes propres amis du gouvernement, tels des rats désertant le navire, se lâchent. Ces faiblards n'en peuvent plus et ils le disent. Certains (tu les connais mieux que moi) frisant l'hystérie.
Mieux ! Un proche du président a confié à un journaliste du quotidien « Le Monde » (un comble!), un certain Arnaud Leparmentier ses doutes quant à la compétence du chef à diriger la politique du pays. Ce n'est pas pour t'accabler, mais cette déclaration dépasse le cadre du simple « désarroi intellectuel des sarkozystes ». On y sent comme les prémices d'un séisme de grande magnitude, mon pauvre Xav. Malgré ça, debout dans tes bottes, tu prospectes encore. Ta dernière trouvaille m'a fait quelque chose. Elle ressemble à une petite annonce du pôle emploi. Je viens de lire ça dans Marianne. Y a pas à dire, Xav, tu ne manques pas d'aplomb. Ton idée m'a estoqué.
En gros, voici de quoi il retourne. Si vous êtes politiquement un vert modéré, que vous aimez la vie bucolique, mais sans plus, les salades vertes dans votre assiette et que cela ne vous dérange pas de transiger avec vos convictions en acceptant d'être, le temps d'une élection, pro-nucléaire, ne cherchez plus, Xavier Bertrand est parti à la pêche au couillon. Certains taquinent le goujon, lui, c'est le couillon qui l'attire. Chez Ruminances, sensible, l'équipe lui propose, dans cette partie de pêche pas facile, d'adopter la technique de la mouche noyée. Cette technique est très intéressante en début de saison « lorsque les truites ne gobent pas ». Elle peut aussi être pratiquée après les orages quand le poisson se poste et n'a pas « d'activité de surface ». On peut pour avoir une bonne pioche utiliser une mouche ou - conseil de spécialos – un train de mouches. Nous ignorons sur Ruminances à quoi ça ressemble un « train de mouches », mais ça a l'air d'avoir de la gueule. Bien que, parole de consultant, au-delà de trois mouches sur le bas de la ligne, « c'est prendre le risque de faire du « tricot » (je n'ai jamais pu démêler l'écheveau) avec le bas de ligne emmêlé.