On se répète, mais on ne se lassera jamais de ce bon vieux Reggie Fils-Aimé. Est-il besoin de rappeler ses fonctions ? Pas besoin selon nous, donc autant se concentrer sur la beauté de ses paroles que l'on boit, on boit, on boit... sans se laisser endormir par un discours et un technique bien rodée. D'autant qu'après chaque salon se déroulant dans sa terre d'asile, le président de la division américaine de Nintendo s'épanche dans pléthore de médias et nous donne l'occasion de tenter de lire en filigrane. Cette fois-ci, c'est le site Industrygamers.com qui s'y colle. Et nous aussi par la même occasion.
Outre le fait que l'on apprenne qu'il n'a pas encore pu tâter à Zelda Wii (qui a dit qu'on s'en fichait un peu ?) et qu'il se rendra prochainement au Japon pour cela, on sent que l'homme analyse son marché et essaie de trouver réponse bien calibrée à chaque question. Notamment en ce qui concerne le fait que les éditeurs consacrent plus d'argent au développement de jeux sur consoles HD. Manque de chance pour elles, les chiffres du NPD (qui se charge de quantifier les ventes sur le sol américain) pour le mois de février ont fourni des arguments à notre cousin éloigné de Chuck Norris. Il évoque notamment les ventes pas forcément "encourageantes pour le long terme de titres comme Dante's Inferno ou BioShock 2" en mettant notamment en avant le fait que "les éditeurs auraient du mal à rentrer dans leurs frais", "contrairement à des titres Wii qui eux arrivent à maintenir un écoulement des stocks sur la durée". Il se pose donc une fois la question fatidique : pourquoi les éditeurs ne créent-ils pas de contenu du même acabit sur la console de salon de Nintendo ? Si le journaliste en face de lui met en exergue les limites techniques du support, Fils-Aimé élude la chose en pointant du doigt des jeux comme Smash Bros. ou Zelda et qu'il ne faut pas se contenter simplement de produire des portages de titres existants mais d'avoir une approche singulière de la console. On connait bien évidemment la chanson, reste à ce qu'elle tourne aussi dans le mange-disque de tous les éditeurs du marché.
Mais qui dit jeu pensé pour le support ne dit pas forcément pari gagnant. Selon Reggie, les échecs relatifs de certains titres "ambitieux" est plus dû à un manque de marketing efficace que de réel engouement pour le genre. Il prend à titre d'exemple un jeu comme Mario & Sonic aux Jeux Olympiques boosté par une campagne publicitaire de première ordre et qui a permis au titre de SEGA d'asseoir sa popularité au fil du temps. Il encourage évidemment les éditeurs tiers à être moins frileux et à s'inspirer de ce que peut faire Nintendo avec ses jeux, notamment New Super Mario Bros. Wii ou Mario Kart.
Il enchaîne en répondant aux dires de Michael Pachter comme quoi la Wii serait en plein déclin, chiffres de ventes de Wii Fit Plus, de Wiimote et de la plate-forme en elle-même assez bas en février à l'appui, et que la firme de Kyoto n'aurait rien de "cataclysmique à proposer pour le second semestre".
Quand on attaque Reggie, Reggie contre-attaque.
Il confirme le fait que Nintendo est tombé en rupture de stocks sur pas mal de produits suite à une période de fin d'année bien plus juteuse que prévue, rendant le réapprovisionnement difficile pour certains articles de la firme. Bon, pas besoin d'un dessin, Nintendo le vit bien. Quant aux six derniers mois de l'année, rendez-vous est donné à l'E3 2010 puisque le présent se conjugue avec du Monster Hunter Tri, du Red Steel 2 et surtour du Super Mario Galaxy 2 et Metroid Other M.
Une fois encore, la Wii 2 ou Wii HD est remise sur le plat, telle une Clara Morgane sur laquelle on fantasmerait et qu'on n'aurait jamais. Quand on avance au président le fait que les développeurs se risqueraient plus volontiers à sortir du GTA, du BioShock ou du Mass Effect sur une console plus puissante, il rétorque sa rengaine à la mode : "la prochaine plate-forme de Nintendo n'amènera pas que de la haute-définition, mais sera totalement innovante".
Reggie in the Move
Forcément, le journaliste s'est senti l'âme d'un preux chevalier et a dégainé sa joute estampillée "PlayStation Move". Sans peur et sans reproche, Bayard Fils-Aimé dit se mettre à la place du consommateur Wii basique et voit mal "ce dernier débourser 400 bucks pour disposer de ce qu'offre déjà la console de Nintendo ? Autant investir dans de nouveaux jeux". Pas bête la guêpe, mais est-ce que tout le monde aurait la même façon de penser ? La force de Nintendo selui lui, c'est que la firme se place justement en consommateur et tente d'innover et d'apporter quelque chose de frais. Un produit comme le Move serait-il donc amené à n'être qu'une chimère ? Le temps nous le dira.
Il terminera cette longue interview (et retranscription partielle...) en évoquant le fait que Nintendo a effectivement un oeil, voire des yeux, attentif au développement du jeu social en ligne comme un FarmVille par exemple. Mais il rassure tout le monde en disant que les franchises majeures resteraient sur leurs supports de prédilection. Un point, c'est tout.
Mes ouailles, si vous avez tenu la lecture jusqu'ici, vous avez ma gratitude éternelle. Ou pas.