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Girls en concert, ou le “syndrome MGMT”

Publié le 16 mars 2010 par Kub3

Girls était en concert le 5 mars dernier à la Maroquinerie de Paris. Dans une interview – laconique – à KUB3, Christopher Owens, leader du groupe, nous confie ses états d’âme.

L’histoire personnelle de Christopher Owens aurait pu faire l’objet d’un scénario hollywoodien. Sa mère l’élève au sein d’une secte, les Children of God. Son petit frère est mort alors qu’il n’était encore qu’un bébé. Son père, il ne l’a quasiment jamais connu. Avec les Children of God, il voyage autour du monde, voyant sa mère se prostituer au profit de ses gourous. A 16 ans, Christopher quitte tout et va vivre, au Texas, la vie d’un Punk SDF. Un millionnaire repère alors ses talents de musicien et le prend sous son aile. Christopher déménage à San Francisco. Là-bas, il rejoint le groupe Curls, puis rencontre Chet « JR » White, avec qui il fonde Girls. La suite : les deux acolytes enregistrent en 2009 Album, leur premier opus, qui profite d’un succès critique et justifié.

Girls en concert, ou le “syndrome MGMT”

Sur scène, les deux comparses se présentent avec un groupe plus fourni : un guitariste, un batteur et un clavier les accompagnent. À l’écoute de l’album, ce sont les regrets et un certain penchant pour la dépression que l’on perçoit d’abord. Quand on demande à Christopher Owens si cet album a été pour lui une sorte de catharsis, il nous répond que « oui, c’était une manière de libérer mes émotions, mais j’aurai toujours des problèmes ». Il ajoute qu’il a « fini par trouver un peu de paix », qu’il « espère juste que ça va durer ». Sur scène, sa voix laisse toujours autant transparaître cette souffrance. Pour certains, cela a son charme. Le punk dépressif de Kurt Cobain – personnage à qui l’on ne peut s’empêcher de penser quand on observe Owens chanter – a bien conquis toute une génération. Mais le chant d’Owens énerve : certes handicapé par un micro mal réglé qui l’enfouit au milieu des instruments, il ne parvient pas à se libérer comme il peut le faire en studio.

La première partie du concert, en configuration quasi-acoustique, ennuie. Les musiciens ne dégagent aucune énergie et semblent complètement embrumés. Ce n’est qu’aux deux tiers du set qu’on retrouve la puissance mélodique de titres comme Lust for Life ou Laura. Le groupe erre, jusqu’à clôturer la première partie de leur prestation par un mur du son sorti de nulle part. On se réveille, mais on cherche aussi la cohérence avec ce qu’on a attendu avant : la transition, de l’artiste maudit qui pousse la chansonnette aux saturations à la My Bloody Valentine, n’est pas forcément évidente. Girls joue aussi quelques nouvelles chansons, dans la continuité de celles de ce premier album : « J’écris toujours sur moi et je vais continuer à faire comme ça. J’ai déjà écrit à peu près 70 chansons pour la suite ». Là encore, du point de vue des compositions, Owens sait se montrer convaincant et ces titres laissent penser que le deuxième album sera à la hauteur du premier. Mais l’interprétation reste poussive.

Finalement, si la performance est correcte, c’est un sentiment d’inachevé qui domine. Le groupe ne parvient pas à traduire sur scène la tension de l’album. Comme MGMT, les fantômes qui se présentent au public restent dans leur monde et ne parviennent à transmettre aucune émotion en dehors de celles, évidentes, de leurs tubes. Quand dans la salle, pendant le long silence qui sépare deux chansons, quelqu’un cri « SAN FRANCISCO ! », JR répond, « Oh oui… dans deux semaines », l’air rêveur. Quand on demande à Owens son ressenti sur cette tournée européenne et ce qu’il apprécie le plus pendant une tournée, il nous répond : « J’ai hâte de rentrer à la maison ». Tout en ajoutant « but we love Europe »… On aimerait bien le croire.

Girls en concert, ou le “syndrome MGMT”


Album, Girls
Track listing :
1. “Lust for Life”
2. “Laura”
3. “Ghost Mouth”
4. “God Damned”
5. “Big Bad Mean Motherfucker”
6. “Hellhole Ratrace”
7. “Headache”
8. “Summertime”
9. “Lauren Marie”
10. “Morning Light”
11. “Curls”
12. “Darling”


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