Heavy Rain

Publié le 16 mars 2010 par Leblogcine

Quantic Dream est un studio de jeu vidéo français à qui l’ont devait déjà ‘The nomad Soul‘ et ‘Fahrenheit‘. Son fondateur, David Cage, cherche depuis plusieurs années à rapprocher jeu vidéo et cinéma pour, selon lui, faire «entrer le jeu vidéo dans l’âge adulte ».

Avec son nouveau titre, «Heavy Rain », sorti exclusivement sur PS3, une nouvelle étape a été franchie : acteurs américains, ambiance de thriller, cadrages et rebondissements très cinématographiques… le joueur a vraiment l’impression de participer à une série policière inédite.

Le jeu nous décrit les destins croisés de plusieurs personnages, tous à la recherche d’un tueur d’enfants appelé ‘le tueur aux origamis’ : Ethan, père de famille divorcé dont le fils a été enlevé par le tueur, Scott, un détective privé, Madison, une journaliste, et Norman, un ‘profiler’ du FBI. Le joueur dirigera tour à tour chacun de ces personnages dans une aventure divisée en une cinquantaine de chapitres.


S’il n’est pas foncièrement original et s’inspirant de films tels que ‘Seven’ ou ‘Saw’, le scénario est suffisamment accrocheur pour inciter le joueur à se plonger dans l’histoire, à la poursuite du tueur.
Croisement curieux entre film interactif, ‘visual novel’ japonaise (aventure graphique basée sur des QCM) et ‘livre dont vous êtes le héros’, le gameplay alterne entre plusieurs phases : interactions et déplacement du personnage à la recherche d’indices, ‘Quick Time Events’ (frappe rapide des touches apparaissant a l’écran) en cas de danger, et mouvements de manette, sensés reproduire les gestes du personnage.

Techniquement, le jeu est impressionnant avec ses environnements très détaillés, ses effets (pluie, fumée…) très réalistes et ses personnages 3D modélisés à partir de vrais acteurs. Il est toutefois dommage que la qualité visuel de ceux-ci varie selon les scènes et que leur animation reste souvent très artificielle (déplacements raides, problèmes de regards, expressions faciales parfois ratées).
En l’état, il semblerait que le studio ait utilisé le procédé de ‘motion capture’ (capture du mouvement) pour enregistrer un maximum d’actions (y compris les plus anecdotiques) mais n’ai pas eu le temps de les peaufiner.
Un autre souci plus gênant vient aussi de la présence de nombreux bugs allant des problèmes de son parfois haché, aux persos bloqués, voir aux plantages de la console, imposant un redémarrage… étonnant de la part d’un jeu aussi mis en avant par Sony.

Si l’émotion et l’attachement au devenir des héros de l’histoire est bien là, on regrettera quand même l’interactivité ‘réelle’ limitée et la grande linéarité du récit. En effet, si le jeu propose bien des enchainements multiples permettant des fins très différentes, on est surpris de voir que, très souvent, il ne laisse pas du tout le choix des actions au joueur : il se mettra en attente et le personnage ne bougera pas tant que le joueur n’aura pas effectué correctement le mouvement attendue par le scénario…
Il est vraiment surprenant qu’un jeu aspirant avant tout au sentiment d’immersion du joueur ne laisse pas plus souvent de choix au joueur, qui se retrouve alors simple spectateur d’une décision qu’il n’a pas décidé de lui même…

Difficile de conclure de façon classique la critique de ce titre.
Si l’on peut effectivement apprécier que le studio ‘Quantic Dream’ tente une nouvelle approche concernant la mise en scène du récit via cette ‘expérience interactive’, on regrettera pourtant de sérieux problèmes de jouabilité, voir même une absence de véritable chalenge, puisque le joueur/spectateur n’a que rarement l’impression de contrôler la destiné des héros.
S’il intéressera pendant un temps les fans de polars et séries américaines, les gamers plus réguliers se lasseront rapidement de ses actions scriptées et de sa rejouabilité très subjective… Ceux là pourront se retourner vers certains ancien jeux de la firme japonaise, comme les premiers ‘Silent Hill’ ou les jeux de la team ‘ICO’ qui, tout en abordant des thèmes et émotions tout aussi adultes, proposent un challenge autrement plus passionnant.

JB