Betancourt

Publié le 19 novembre 2007 par Jlhuss

Hugo Chavez à Paris

Philippe Gras s’entretient pour “A©tu bien pris tes comprimés”? avec Hervé Marro, porte-parole du comité de soutien à Ingrid Betancourt.

Ph. Gras : Nicolas Sarkozy a formulé le vœu de faire libérer Ingrid Betancourt, qu’est-ce qui pourrait le faire échouer d’après vous ?

Hervé Marro : Je ne sais pas s’il peut échouer, parce que si quelqu’un est déterminé, il n’y a pas de raison pour que ses efforts ne finissent pas par être payants. Le processus de négociation est en évolution depuis plus de trois mois. Il y a une progression dans les pourparlers, on sait que les lignes bougent ! Par ailleurs, en dépit de ce qui différencie le chef de l’État français du bolivien, le soutien de Nicolas Sarkozy au travail que mène Hugo Chavez est de faire en sorte que les deux pays soient à l’unisson dans l’objectif d’être le plus efficace.

Pour quelle raison les Farc auraient intérêt à résoudre le problème des otages qu’ils détiennent ?

Certes, ils détiennent Ingrid Betancourt, maisles Farc veulent obtenir une respectabilité internationale. Lorsqu’ils sont présentés partout comme des terroristes, des bourreaux, des kidnappeurs, ils ne peuvent évidemment pas y accéder. D’un autre côté, les Farc sont un mouvement de lutte armée qui prétend œuvrer pour le bien des Colombiens. Ils ne peuvent pas cultiver cette ambiguïté indéfiniment. Conserver les otages ne représente aucun intérêt pour eux s’ils aspirent à une respectabilité internationale.

Ingrid Betancourt est le symbole de la lutte anti-corruption en Colombie, de l’opposition au président colombien, quel intérêt Alvaro Uribe a-t-il de résoudre le problème des otages en Colombie ?

Alvaro Uribe est le président de la Colombie, il aime son pays et il doit aimer son peuple. Je ne doute pas qu’il doit avoir à cœur d’œuvrer pour le bien du peuple. C’est pour cette raison qu’il n’y a pas de raison pour qu’il laisse les choses en l’état, la question des otages et le problème de la guérilla qui dure depuis 40 ans, et nous lui demandons seulement de nous en donner la conviction. Il n’a plus fait de déclaration fracassante depuis le printemps dernier, donc ça va dans le bon sens. Pour le moment, on ne constate rien qui n’aille pas dans le bon sens. Il n’a rien dit lorsqu’Iván Márquez, le représentant des Farc, a rencontré Hugo Chavez à Caracas voici deux semaines. C’est lui qui a nommé Piedad Cordoba médiatrice pour la libération des otages… Ce qui se passe était encore inimaginable il y a cinq mois !

Hugo Chavez a une grande ambition pour l’Amérique latine, quel poids a-t-il auprès du président Uribe ? Auprès des Farc ?

Le Venezuela est un partenaire commercial important de la Colombie depuis toujours. Les deux pays sont parmi les 3 premiers exportateurs l’un vis à vis de l’autre. Les relations économiques entretenues sont essentielles. Pour les Farc, Hugo Chavez représente l’image de la révolution bolivarienne réussie. Mais le sort d’Ingrid Betancourt dépend simplement des Farc. Hugo Chavez accompagne une médiation entre les Farc et le gouvernement colombien, il n’effectue pas de négociation directe. S’il est question que Manuel Marulanda, le chef historique des Farc rencontre Hugo Chavez prochainement, c’est seulement lié aux pourparlers pour la libération des otages.

Quelle preuve de vie d’Ingrid Betancourt attendez-vous ?

Nous préférerions une vidéo, mais cela peut être un enregistrement sonore, une photo d’Ingrid montrant la première page d’un journal, ou encore une lettre manuscrite répondant à des questions que la famille a posées aux Farc, et dont elle seule pourrait apporter la réponse, ce qui nous permettrait d’identifier la lettre. Pour le moment, nous ne savons pas si nous obtiendrons cette preuve, mais nous gardons bon espoir. Il est normal que le président vénézuélien n’en dise rien pour l’instant, il n’en fera état que mardi. La sénatrice colombienne Piedad Cordoba est allée chercher quelque chose, mais nous ne savons pas quoi. Son avion est arrivé lundi à Paris, j’espère qu’elle a ce que nous attendons avec elle.

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