Voulez-vous savoir ce qu’est le populisme ? Ce qui vient de se passer au sujet de la rémunération de Mr. H. Proglio en est une brillante démonstration. La levée de bouclier qu’a suscitée dans le monde politique et au sein de la population le montant du salaire de ce chef d’entreprise, qui n’était en fait qu’au niveau préalablement promis par le gouvernement avant qu’il n’ait accepté le poste, est un magnifique exemple de populisme aggravé. Le « peuple » ayant trouvé insupportable et indécent le niveau de cette rémunération, les politiques ont immédiatement enfourché le même cheval de l’indignation morale. Certes, ce montant est important. Et il est tentant de faire des comparaisons faciles avec le salaire moyen des travailleurs de tous bords et de fulminer à grands cris. Mais alors, pourquoi les politiques ne manifestent-ils aucune indignation au sujet des rémunérations touchées par certaines vedettes du show-biz, du sport en général et du football en particulier ? Certains de ces individus touchent des émoluments qui sont de 5 à 10 fois plus importants que ceux proposés à Mr. H. Proglio. De plus, beaucoup d’entre eux vont cacher leurs gains en Suisse ou dans tout autre paradis fiscal, ce qui n’est pas le cas du PDG d’EDF. Et aucun politique n’élève la moindre protestation, tout simplement parce que le « peuple » accepte cette situation et que, pour les politiques, aller dans le sens de la doxa c’est-à-dire « caresser le peuple dans le sens du poil » est une obligation avant une échéance électorale prochaine. C’est cela que l’on appelle le populisme.
Ceci étant dit, il n’en reste pas moins que Mr. H. Proglio, maintenant plus que jamais, doit démontrer sa compétence à faire prospérer son entreprise. Et il a déjà du travail ! L’échec d’Abou Dabi en face des Coréens, l’affaire des déchets nucléaires en Russie, les difficultés de l’EPR, les difficiles relations avec AREVA, sont autant de problèmes auxquels il doit apporter rapidement une réponse, faute de quoi il deviendra légitime de dire que ses compétences ne sont pas à la hauteur de sa rémunération. Mais pas avant et surtout pas à priori.