Il y a trois types de mensonges : le mensonge, le sacré mensonge (ou le mensonge sacré) et les statistiques (Disraeli). Dans une société qui se délite, les statistiques sont devenues l’arme qui permet aux politiques de cacher la vérité ou de l’ignorer. Aujourd’hui, la France compte huit millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. C’est ce que disent les statistiques. Ce dont elles ne parlent pas, ce sont les 600.000 enfants qui vivent dans des conditions révoltantes, obligés de dormir à tour de rôle dans un logement qui s’apparente davantage à un placard et dans lequel s’entassent 5 ou 6 personnes, ne trouvant pour travailler que le couvercle de la machine à laver ou le carrelage de la cuisine. Pour ces enfants, le concept d’égalité des chances est vide de sens. Les statistiques ne nous disent pas qu’il y a environ 800.000 personnes, dont 160.000 enfants et adolescents, qui campent sous les ponts, dans une tente voire sous une simple toile tendue entre deux arbres ou qui s’entassent dans les quelques structures d’accueil trop peu nombreuses et où la violence n’est pas absente. 100.000 d’entre eux vivent en permanence dans un camping. Allez vous promener dans le Bois de Vincennes et vous aurez l’impression de traverser un véritable village de toile. À ces sans-abri, s’ajoutent les 100.000 personnes qui vivent dans leur véhicule, voiture ou camion, tout en ayant un travail sous-payé qui leur interdit de trouver un logement à louer par ostracisme des loueurs. Aujourd’hui, la société se débarrasse des pauvres en les effaçant, non seulement des chiffres, mais en les rendant transparents en passant à côté d’eux sans les voir. Elle se débarrasse également des vieux en les parquant dans les maisons spécialisées. Ne rien voir, ne rien entendre, n’en pas parler. Cette soi-disant sagesse n’est qu’un monstrueux égoïsme et la démonstration que la société perd, non seulement ses moyens, mais également ses valeurs.